Sommaire et edito - 2001

Isabelle Bougault

Bulletin 173

2001-01-08


173 : « Orientations pour une politique des arts et de la culture à l’École » (janvier 2001)


Le sens du mot culture n’a, depuis le XVIIIème cessé de se modifier relativement aux évolutions sociales. Ce mot est profondément révélateur de ce qu’est l’Occident ; les ethnologues s’accordent à dire qu’il n’a pas d’équivalent dans la plupart des langues orales étudiées. Il a malgré tout toujours englobé les arts.
C’est, non pas de la culture, mais, des cultures et de leurs rapports parfois conflictuels, parce que hiérarchisés, ou, encore, de leur indépendance, autonomie, qu’il devrait être question aujourd’hui à l’école.
Réaffirmer dans une politique la volonté d’associer « l’Ecole » à la culture et à l’art relève de plusieurs choses :

D’un truisme : chaque matière, chaque discipline est porteuse de culture car qu’est ce que l’école si elle n’est pas pétrie de culture ? Il est vrai qu’il est parfois nécessaire de le rappeler.

De l’oubli de l’essentiel quand il s’agit de culture et donc d’art : savoir manier avec précaution à la fois l’ethnocentrisme (pour se construire) et le relativisme (pour mieux tolérer), en fonction des situations. C’est de cela que les citoyens d’aujourd’hui et de demain ont besoin. La mesure qui concerne le développement de l’enseignement de l’ethnomusicologie abonde dans ce sens ; celle qui a trait aux musique actuelles l’effleure, intuitivement.

D’un brouillage lorsque ce concept de culture est donc paradoxalement à la fois dissocié et associé à celui des arts alors que le second est inclus dans le premier. Brouillage aussi car dans le séminaire qui suivait la conférence de presse on nous disait que les arts étaient le versant pratique tandis que la culture serait plus intellectuelle... Par ailleurs, dans la conférence de presse, il est plus souvent question d’art que de culture. Tant mieux diront certains car c’est de cela qu’il fallait parler avant tout :
« Enfin les pratiques culturelles sont aussi un sésame pour apprendre à vivre en communauté. Elles sont collectives. Par le chant choral, le jeu théâtral, la danse, l’enfant cerne son identité, affirme sa personnalité, rencontre les autres sur des bases créatives, constructives et, en définitive, apaisées. » De quoi veut-on parler ? De culture en général ou d’arts ou des deux mais alors pourquoi affirmer que les moyens financiers seront fléchés uniquement « pour l’éducation artistique et pour toute l’éducation artistique ».

Dans cette politique, nous pourrions, à première vue, y voir des avancées. Certes, elles sont là, et nous en félicitons les promoteurs mais à y regarder de près les mesures sont incomplètes pour vouloir seulement atteindre ce qui est annoncé dans les orientations, par le Ministre. Comment peut-on compter, à la fois, et, seulement, sur la création de CFMI et le financement des collectivités territoriales pour subvenir aux besoins en terme humains et financiers de l’éducation nationale ? Si l’on cite la création de CFMI pourquoi ne parle t-on pas de l’ouverture des filières musique pour les professeurs de collège dans les IUFM de France non pourvus, alors même que l’on va manquer de professeurs ? Toutes les mesures proposées partent du postulat que l’entrée du partenariat grâce au Ministère de la Culture est la solution aux problèmes alors que si elle est source de richesse de part sa différence, elle est aussi et malheureusement un pis aller en attendant qu’un jour l’accès soit gratuit, intégré sans nécessité d’élaboration de projets plus lourds les uns que les autres. L’obligation d’un enseignement se décline grâce à un programme qui lui ne nécessite pas l’élaboration récurrente d’années en années de dossiers de demande. Quand une chose est obligatoire elle n’a pas besoin de se justifier.

Or l’école est prête à assumer son rôle qui donnerait à l’enfant d’être à la fois plus neutre et plus impliqué vis à vis des cultures qui l’entourent par le biais des arts par exemple !

Odile TRIPIER
Présidente


(1) Titre de la conférence de presse du 14 décembre 2000 du Ministère de l’Éducation nationale.

(2) Seize IUFM préparent au Capes d’éducation musicale et de chant choral alors que plus de vingt universités préparent à la licence. Il reste donc à pourvoir au moins quatre IUFM de cette filière.


Vie de l'association :

Assemblée générale
Rapport moral
Publications
Lettre à C. Mollard
Réponse aux "Cahiers du cinéma" (Odile Tripier)
Conférence de presse de Jack Lang : orientation


Pédagogie, répertoires :

Bienvenue à la PédAO (Serge Mazeau)
Body and soul (Christian Jusselme)
Partiels de Grisey (Philippe Poisson)


Informations :

Informations diverses

 

Bulletin 174

2001-04-10


174 : « Les enjeux politiques de l’enseignement artistiques : plus qu’on ne le pense » - Avril 2001

Les enjeux de la présence de l’art dans l’école sont tels que le Ministère de l’Éducation nationale ne peut seul décider d’une réforme qui consisterait à aligner les services des enseignants des disciplines artistiques sur les autres disciplines, purement et simplement : rien n’a eu lieu jusqu’ici en ce qui concerne la révision du décret de 1950. Les CTP ont été annulés et même s’ils ont lieu d’ici juin il faudra ensuite que le projet parte au Ministère des finances, à moins que tout ne se fasse à la fois ?

Bercy dira non, par principe, à cause du coût, et à cause des professeurs d’éducation physique et sportive, nombreux qui ne voudront pas être en reste et nous trouvons cela tout à fait normal. Alors Matignon va devoir arbitrer. Deux solutions : Matignon accepte ou refuse. S’ils acceptent ou bien s’ils refusent alors la question sera : comment justifieront-ils la décision qu’ils prendront ?

Raison économique : on en reste là car c’est trop cher pour la Nation. Mais cette raison peut-elle être invoquée par un premier Ministre aussi abruptement ? Ce qui est sûr c’est que le Ministre de l’Éducation nationale ne sera pas responsable. Heureusement car celui ci ne pourrait plus justifier les discours actuels qui prônent une présence des arts de plus en plus grande à l’école. Nous dirons alors qu’il y eu désaccord entre le Premier Ministre et celui de l’éducation nationale. Ce dernier démissionnera t-il pour autant ? Certainement pas étant donné les dernières élections municipales.

Raison pédago-didactico-scientifico-politique. Par exemple : la démocratisation du système scolaire passe par une diminution progressive de l’obligation scolaire – jusqu’à 14 ans par exemple- pour cela nous commençons par donner le choix aux élèves de troisième entre plusieurs domaines regroupant plusieurs disciplines dont les arts. Jusqu’ici tout va bien. Oseront-ils ensuite donner le choix entre les mathématiques la biologie la géologie, la géographie et la physique, entre le français, le latin, le grec, entre l’EPS et l’EPS ? Diminuant ainsi le besoin d’heures dans les disciplines artistiques, entre autre, que va t-on faire du surplus de tous ces professeurs d’enseignements artistiques : on pourrait dès lors peut-être les aligner ?

Une raison peut en cacher une autre. Il faut un peu d’argent et beaucoup de courage, de pugnacité pour faire bouger les choses.

Odile TRIPIER
Présidente


(1) Comités Techniques Paritaires consultés pour l’organisation et le fonctionnement des services ;

(2) Nous empruntons cette idée à Antoine Prost, historien de l’enseignement en France cf. Rue de Grenelle, un ministère et des problèmes en inflation, in Un siècle d’éducation, Après la massification, la démocratisation, dossier spécial Le Monde de l’éducation, juillet août 2000, n°283, p.31. En effet pour des raisons économiques et sociales l

(3) Même si celles-ci ne s’appuient pas sur les mêmes types de démarches : formelles, empirico-formelles


Vie de l'association :

Publications


Pédagogie, répertoires :

Réforme des lycées : projet de programme
Logiciels gratuits (Philippe Poisson)
Psychologie : bibliographie (Laurent Guirard)
Plaisir musical ? (Christine Vallin)

Formation :

Epreuves sur dossier
L'idée de thématique (Odile Tripier)
Congrès de Troyes
La formation en éducation musicale (Yolande Barbier)


Informations :

Informations diverses

 

Bulletin 175

2001-07-16


175 : « Pendant les vacances, les réformes continuent ! »

(Juillet 2001)



L’APEMU a été reçue lundi 25 juin 2001 au cabinet du Ministre par un conseiller technique [réunion ministère juin 2001 : voir ci dessous]

Celui-ci nous a clairement signifié qu’il était long de modifier un décret. Quelques jours plus tard, samedi 30 juin, nous recevions un compte rendu du CTPM du 29 juin nous indiquant qu’une circulaire allait être envoyée dans les Rectorats afin que les horaires des professeurs d’éducation musicale et d’arts plastiques passent à 19h ou 16h à la rentrée 2001. Une circulaire n’est pas un décret.

Un autre sujet de préoccupations : le collège. Lisez, chers collègues, le B.O. du 14 juin. Nous en reprenons des extraits dans nos colonnes. Quelques commentaires s’imposent. Nous devrons être vigilants, une fois de plus, sur le principe de "globalisation" qui devrait régir l’organisation des enseignements dans la classe de sixième. Principe qui devrait être étendu "à tous les niveaux de classe dès l’année prochaine". Globalisation horaire, pour permettre un "enseignement en effectifs allégés ou toute autre forme différenciation pédagogique". Alors, exit les horaires qui étaient jusque là imposés (Cf. arrêté du 29 mai 1996), dont "2 h d’enseignements artistiques" ?

Les textes qui suivent, concernant les classes à PAC et les ateliers artistiques (nouvelle appellation), semblent effectivement annoncer la disparition d’horaires de base par discipline au profit d’une éducation au choix dès la cinquième au travers d’itinéraires de découverte. Nous sommes parfaitement conscients du paradoxe qui existe entre la liberté (l’éducation au choix) et l’égalité (nécessité d’une culture commune - ou culture scolaire partagée !). Et ce B.O. ne résout en rien ce paradoxe.

Nous l’avons redit lors de l’audience, un vrai choix ne peut se faire qu’en connaissance de cause. Nous tenons pour nécessaire une architecture reposant sur le socle incontournable d’une éducation musicale obligatoire jusqu’en
troisième, à la quelle peuvent s’ajouter selon le contexte des activités facultatives (chorales, ensembles instrumentaux, ateliers,.) et des dispositifs trans- ou pluridisciplinaires (PAC, travaux croisés, parcours diversifiés, itinéraires de découverte, etc.). De façon plus ou moins formelle, de nombreux professeurs d’éducation musicale ont initié de tels dispositifs dans leur établissement, qu’on les interroge et que l’on tienne compte de leur expérience.

Enfin, nous remarquons la volonté d’assimiler l’activité chorale au projet de classe à PAC. Est-ce là une confusion ou bien la volonté de réduire les chorales à une activité de classe "habituelle" ? Jusqu’ici, les chorales brassent, réunissent, relient, les élèves de la sixième à la troisième. C ‘est la seule activité à proposer cette "reliance" dans les collèges. Et personne n’a pensé que cela pouvait être important ?

Bonnes vacances à tous. Nous devons être en pleine forme pour la rentrée !

Odile TRIPIER
Présidente



Compte-rendu d’audience au Cabinet du Ministre
25/06/2001

Ces derniers mois, la mobilisation a été intense de la part des collègues,des syndicats, des associations pour réclamer au Ministre et à ses services des éclaircissements sur la mise en oeuvre de la réduction des maxima de service des enseignants des disciplines artistiques. Nous avons déjà été échaudés et de simples déclarations - même répétées - ne nous suffisent plus ; et cela d’autant moins que les recteurs préparent la rentrée 2001 sur la foi des textes toujours en vigueur. L’APEMU a écrit à plusieurs reprises au Ministre et à son directeur de Cabinet, Monsieur Hussenet.


Le lundi 25 juin, une délégation de 5 personnes, membres de l’APEMU (O. Tripier-Mondancin, D. Terry, F. Segui, P. Terrien et P. Poisson), a été reçue par monsieur Tavoillot, conseiller technique au cabinet du Ministre. Nous avons attiré son attention sur plusieurs points :


1) L’alignement progressif des services


Sur ce sujet, Monsieur Tavoillot nous a réaffirmé la volonté du Ministre de réparer une injustice. Il n’a pu nous donner des éléments précis sur le calendrier de la mise en place et a insisté sur l’importance de la C.T.P.M. qui doit se tenir le 29 juin 2001, entérinant le décret concernant cette modification. Il sera indispensable d’être attentif aux décisions qui seront prises et de veiller à leur bonne mise en place. Il nous a également dit qu’il nous faudrait être patients mais confiants car "le sillon est tracé". Soit.


2) À propos des textes du B.O. du 14 juin :


Ces textes donnent des orientations concernant les classes à P.A.C., les itinéraires de découverte et les ateliers artistiques. Nous avons été interrogés sur ces nouveaux dispositifs.


D’une manière générale et afin de lever quelques ambiguïtés, nous avons réaffirmé le caractère indispensable de l’heure d’enseignement obligatoire de la sixième à la troisième. En effet, sans ce "socle commun", aucune action périphérique ne peut être menée. C’est l’heure hebdomadaire qui peut permettre à l’enseignant de créer chez l’élève le désir d’aller plus loin, d’approfondir des connaissances. C’est grâce à la continuité jusqu’en troisième que l’enseignement ou les actions ponctuelles sont possibles dans les lycées. Nous avons expliqué que nous travaillions à développer l’écoute critique, active et respectueuse, à partir du vécu des élèves, pour aller vers des expressions, des langages, des cultures qui leur sont moins familiers. Cette écoute s’effectue par toutes les activités du cours (chant, pratiques instrumentales, audition, invention).


Concernant les itinéraires de découvertes, nous avons rappelé que les professeurs d’éducation musicale ont su montrer leur intérêt pour toutes les formes d’enseignements qui ont vu le jour depuis quelques années comme les parcours diversifiés ou les travaux croisés. Monsieur Tavoillot a été sensible aux exemples que nous avons apportés (expériences personnelles ou rapportées, mais aussi sujets du nouveau C.A.P.E.S.). A ce propos, il serait bon que nous puissions proposer d’autres exemples, d’autres thématiques, afin que le groupe d’expert appelé à travailler sur ce sujet puisse lancer quelques pistes de réflexions et des idées pour tous les collègues. Nous avons redit que, pour de tels projets, la finalité n’était pas nécessairement une représentation. L’itinéraire de l’élève, son évolution, son travail personnel, la démarche doit être l’élément moteur. Si le travail accompli permet une représentation, il est évident qu’elle sera une expérience supplémentaire mais elle ne doit pas être considérée comme une fin en soit.


Enfin nous avons réaffirmé la particularité de l’heure de chorale ou d’ensemble instrumental, qui ne sont pas à intégrer dans ces dispositifs. Elles connaissent une progression évidente ces dernières années et leur caractère "trans-niveaux" les met à part des dispositifs de classe. Pour faire vivre correctement de tels projets, il est indispensable, en plus de la diminution des maxima de service, de revoir les recrutements d’enseignants à la hausse dans les années à venir. Sans cela, nous nous verrions submergés d’heures supplémentaires. Une telle éventualité serait un frein à l’investissement des professeurs d’éducation musicale pourtant volontaires et porteurs de projets.


Fernando SEGUI,

Professeur d’éducation musicale Lyon (69)



Vie de l'association :

Audience au cabinet du ministre (Fernando Segui)

Publications
Assemblée générale 2001
Emission "Alter Ego" (Christian Jusselme)


Pédagogie, répertoires :

Aspects visuels (Nicolas D'Hem, Christophe Janicki)
Notes de lecture : le temps d'aprendre et la musique (Odile Tripier)
Musiques du Maghreb


Réformes :

Classes à PAC
Ateliers artistiques


Informations :

Informations diverses

 

Bulletin 176

2001-10-15


176 : « Wake up, teachers ! »

(Octobre 2001)



Chers collègues,

Sans prosélytisme excessif, sans langue de bois, sans masquer les difficultés, n’avons-nous pas tous le devoir donner une image équilibrante - et équilibrée - de la profession d’enseignant chargé de l’éducation musicale des collégiens et des lycéens ?

C’est ainsi, par nous, que les représentations ont des chances d’évoluer et que l’idée que l’on peut devenir ce type d’enseignant a quelque chance de germer, du moins de ne pas être écartée d’emblée, par nos élèves actuels, par les étudiants, qui pourraient devenir nos collègues. Notre discipline est plus que les autres touchées par le manque de "vocations", le vivier des étudiants est réduit, les départs en cours de carrière vers d’autres fonctions ou d’autres horizons sont anormalement nombreux, le recours aux contractuels et aux vacataires est plus important que partout ailleurs, les enseignants titulaires sont en nombre insuffisant et ce déficit va s’accentuer puisque nos services vont être (sont ?) alignés sur ceux des autres disciplines.

Alors cela commence tôt : dans les collèges, dans les lycées, à l’université, dans les IUFM, où chaque enseignant construit pas à pas, peu à peu, le sens de cet enseignement artistique pour ceux qu’il a en face de lui. C’est notre responsabilité collective. C’est notre seule chance pour être respectés.

Les chantiers ne manquent pas : collège, lycée, services, formation, concours. La lecture de ce numéro du journal vous en convaincra. Nous vous attendons nombreux à l’Assemblée Générale de Dijon pour porter au mieux votre voix à qui doit l’entendre. Bonne rentrée à tous (même si elle est déjà derrière nous).


Odile TRIPIER
Présidente


(1) Allusion au Wake up nigers, morceau du groupe Last poets : des noirs qui s’adressent aux noirs pour leur dire de se prendre en main.



Vie de l'association :

AG : organisation
AG : bilan financier, budget prévisionnel

Pédagogie, répertoires :

Parcours Brésil (Dominique Terry)
Tintin à l'opéra (Philippe Poisson)
Air du catalogue !

Réformes : les 15-18 heures

Lettre du DPE
Le décret
Lettre du ministre

Courrier :

Chaises musicales (Christine Vallin)
Culture et musique (Christine Vallin)

Informations :

Liste des IA-IPR
Paru au BO
Informations diverses