Rapport moral

Yolande Barbier

Chers collègues, bonjour à tous,

 

L’assemblée générale de 2011 s’est terminée par l’ouverture du 31ème congrès de l’APÉMu qui avait pour thème « improviser autrement ». Encore un congrès passionnant où débats, réflexions, conférences, expériences ont alimenté et favorisé l’évolution de nos pratiques. A travers la bonne tenue de ces congrès l’APÉMu démontre qu’elle est une association vivante et impliquée dans le devenir de l’éducation musicale.

         Je voulais vraiment débuter ce rapport moral en remerciant toute l’équipe de Toulouse qui s’est investie pour le bon déroulement de cet évènement.

Notre ministère, encore une fois, malgré nos demandes, ne nous a versé aucune aide pour l’organisation du congrès. De plus, depuis quelques années la subvention que recevait annuellement l’association pour son fonctionnement a aussi été supprimée ! C’est la crise ! Nous fonctionnons sur nos moyens propres ! Permettez-moi d’émettre des inquiétudes pour les congrès à venir car les comptes de l’APÉMu ne sont pas extensibles et ce genre de manifestation, essentielle à la réflexion sur l’éducation musicale et à l’image de notre association a un coût ! Rassurez-vous le prochain congrès est bien programmé. Il aura lieu à Besançon du 19 au 21 octobre 2013 et s’intitulera « Gérer le collectif et la diversité », tout un programme !

Lors du congrès de Nancy, nous avions eu une présentation de l’EAS (Europe association for music in school). Depuis, l’APÉMu a répondu présente à leurs congrès et je remercie vivement les collègues membres de l’APÉMu qui nous représentent. Cette année, c’était à La Haye. Il est important pour notre association de siéger au niveau européen mais aussi dans les instances qui font référence à l’éducation artistique et culturelle et qui se tiennent sur notre territoire tels que les assises Canopéa ! Chacun est concerné et pas seulement les membres du CA ou du bureau.

Le mois de janvier 2012 a vu paraitre au B.O. un texte sur le développement des pratiques orchestrales à l’école et au collège. Je m’étonnais de cet intérêt soudain pour les pratiques collectives au sein de nos établissements ! Je m’interroge toujours autant car les besoins financiers matériels et horaires sont tout autres pour l’implantation d’un orchestre avec instrumentarium en milieu scolaire que pour faire vivre une chorale. 65% des collèges ont une chorale avec des disparités territoriales.

Cet enseignement continue à bénéficier d’un statut précaire qui le fragilise alors qu’il est le moins couteux au niveau de la mise en place de pratiques collectives et le plus universel : la voix est un instrument que chaque élève possède et peut utiliser dans ce cadre.

Nous avons pourtant vu un B.O. sur la pratique chorale en septembre 2011 mais, malheureusement, on joue encore sur les mots. Rien n’est clairement affirmé, une reconnaissance partielle certes, mais il faut encore se battre localement pour faire vivre cette activité qui reste une variable d’ajustement dans les DGH des établissements scolaires. Une chorale dans chaque collège avec les heures dans la DGH pour la faire fonctionner, voilà un objectif simple, clair, réaliste pour lequel je continuerai à me battre ! Et que dire du lycée où les pratiques collectives sont confidentielles car l’enseignement de la musique n’y est pas représenté !

Le premier bulletin de l’année 2012 était consacré en grande partie aux lycées et à différents témoignages sur la mise en place de l’enseignement d’exploration « arts du son ». On constate que cet enseignement est très peu proposé aux lycéens et, quand il l’est, il n’est pas contingenté ! De plus, il ne débouche pas sur une véritable orientation musicale en première en rapport avec les arts du son mais concourt davantage, d’après de nombreux témoignages, à la fragilisation des options lourdes « musique » dans les filières littéraires.

 Beaucoup ont été supprimées après des départs à la retraite, devenant à leur tour des variables d’ajustement lorsqu’il faut rendre des heures au niveau des rectorats. Les options facultatives aussi sont en danger comme le soulignait l’édito de « La lettre du musicien » qui réclamait « la nécessité de conserver l’enseignement de la musique dans l’éducation nationale » en donnant des exemples de fermeture d’option musique au lycée. La plupart des candidats au baccalauréat préparent l’option par leurs propres moyens. Où est la notion d’équité, d’égalité, si chère à nos politiques ? L’APÉMu doit continuer à dénoncer cet état de fait ; Il n’y a pas à être résigné !

Ce n’est qu’une véritable volonté politique qui peut permettre de voir notre situation évoluer. C’est dans ce sens, qu’après les élections présidentielles, l’APÉMu a envoyé une lettre à Monsieur Vincent Peillon demandant une audience pour évoquer ces sujets assez préoccupants pour nous tous ! Une lettre type aux députés a également été envoyée par plusieurs collègues.

J’ai été reçue en septembre au ministère par Marianne Debrunoff et Yannick Téne. J’ai pu évoquer la situation encore fragile des chorales, ils ont reconnu que cette activité était très profitable pour les élèves et devait être développée. Je n’ai pas manqué de leur faire remarquer que l’implantation des chorales était inéquitable sur le territoire de la république et très variable quant à la rémunération des heures pour les professeurs d’éducation musicale concernés !

Quant aux lycées, ils sont restés très évasifs me disant qu’il y avait trop d’options proposées aux lycéens et que certaines n’avaient pas des effectifs réalistes pour espérer continuer à exister ! Nous étions en plein débat sur la refondation de l’école et grande a été ma surprise d’être questionnée sur l’annualisation des heures au collège et sur le bien fondé de la matière « histoire de l’art » et son enseignement au collège. J’ai bien sûr répondu et défendu l’éducation musicale en tant que telle, une matière où la pratique, le produire conserve toute sa place tout en restant au service du percevoir, et avec un enseignement qui se construit sur la durée, car il s’agit bien d’éducation musicale.

 Lors de cet entretien j’ai pu réaliser combien il est important de faire vivre une association telle que la nôtre ! Le ministère s’adresse à des interlocuteurs précis et, à travers l’APÉMu, ce sont tous les professeurs de musique que je cherche à représenter et à défendre mais aussi nos élèves car ce sont les premiers concernés par la disparition de notre discipline à certains niveaux ou endroits ! Il faut réfléchir à des moyens de sensibiliser un maximum de professeurs pour qu’ils adhèrent à notre association et cela est de la responsabilité de chacun d’entre nous, peut-être ne sommes nous pas assez visibles, assez communiquant ?

J’ai été agréablement surprise du nombre de réponses à notre enquête sur le métier d’enseignant : plus de 1000 réponses, cela veut dire que beaucoup se sont mobilisés et je les en remercie. L’APÉMu avait déjà lancé une grande consultation, il y a 13 ans, pour mesurer la situation des enseignants d’éducation musicale. Cette enquête avait déjà porté atteinte aux images d’Epinal qui nous portent préjudice. Cette nouvelle enquête enterre définitivement tous ces commentaires erronés sur notre enseignement. L’enquête est une réussite et chaque collègue a pu s’exprimer de manière assez fouillée et sans complexe.

Cette enquête présente une image plutôt positive de notre métier et une évolution significative dans nos pratiques qui démentent toutes les images véhiculées par les médias ! Je remercie tous ceux qui ont participé au dépouillement, analysé et mis en forme les résultats. Une enquête d’une telle envergure ne peut que conforter la crédibilité d’une association telle que l’APÉMu. Alors, pourquoi si peu d’adhérents alors que nous avons eu autant de réponses ? Cette question doit nous interpeller tous !

Cette enquête révèle que le professeur d’éducation musicale est une personne impliquée, motivée, engagée et qui se sent bien dans la relation avec ses élèves malgré la difficulté de la tâche. Les professeurs vont plutôt bien, alors pourquoi si peu de vocations chez les étudiants ? La réforme du master n’explique pas tout, la courbe des inscrits au concours a commencé à diminuer bien avant la réforme. Certes, il y avait eu une baisse des postes. Or, si les étudiants sont de moins en moins nombreux à se présenter au concours, c’est la survie de l’éducation musicale qui est en danger !

Quelle image ont-ils de notre métier ? Il nous incombe à tous de communiquer sur cette enquête auprès des étudiants, des parents d’élèves et des élus et pourquoi pas auprès des médias ainsi qu’auprès nos collègues du ministère de la culture en diffusant des données précises sur la réalité de notre métier. Cassons les codes une bonne fois pour toutes.

Je finirai ce rapport en souhaitant un repos mérité à Renata Harbulot qui nous quitte après des années de secrétariat dynamique et sérieux au sein de l’association. Merci encore Renata pour ton engagement. Je voudrais aussi remercier Pascale Goday Ramos qui a accepté, au pied levé, de s’occuper avec Martine de la trésorerie de l’APÉMu qui a connu quelques soucis cette année ainsi que saluer le dynamisme d’Anne Claire Scébalt qui met toute son énergie pour que notre bulletin paraisse dans les temps. Merci encore à vous tous et bonne Assemblée Générale 2012.

 

La présidente

Yolande Barbier - Ceresuela

 

Votants : 25 présents + 33 pouvoirs :

Pour : 58                                              Contre : 0                     Abstention : 0