Rapport moral de l'Assemblée Générale 2024

Jérôme Thiébaux

19 octobre 2024

Des chiffres pour commencer :

 

Plus de 700 adhérent·e·s pour l’année 2023-24, 710 exactement. Bravo et merci à toutes et à tous. Certes, nous ne retrouvons pas le chiffre avant la COVID mais nous espérons que la tendance restera positive. Ce chiffre est maintenant un critère de crédibilité auprès de nos interlocuteurs·trices.

29 délégué·e·s académiques.

18 membres du CA dont le bureau.

Voilà comment s’organise l’association et c’est une force spéciale au service de l’éducation musicale pour toutes et tous.

 

Des actions associatives pour la communauté des enseignant·e·s :

 

* Un congrès 2023 à Valence et une assemblée générale avec une thématique autour de l’actualité de l’éducation musicale dans notre temps. C’était un moment fort et attendu. Le congrès 2025 se prépare en Île-de-France. Nous vous en dirons plus prochainement.

* Une revue 2023 avec les actes du Congrès et un dossier sur l’inclusion, un sujet essentiel pour notre discipline.

* Des rencontres dans les académies : échanges de pratique, interventions de collègues, ateliers, toutes les formes existent et il est important de continuer à les faire vivre.

* Un zoom “actu” en février et mars 2024 pour répondre aux questions des collègues sur les projets du ministère. L’occasion aussi d’échanger sur les thèmes du lycée et l’enseignement facultatif de chant choral. Les effets du « Choc des savoirs » sont certainement encore à analyser sur nos enseignements. Nous avons fait une enquête flash mais il faudra affiner les résultats pour faire remonter les informations au ministère.

* Une newsletter relancée avec plusieurs numéros dans l’année, disposant de rubriques que nous espérons utiles ou intéressantes pour toutes et tous. Les retours sont rares malheureusement.

* Une participation au colloque sur la Constante Macabre.

* Un calendrier APÉMusien en décembre. Merci aux délégué·é·s pour leur implication dans ce projet.

* La préparation d’une assemblée générale à Lille.

* La conception et la préparation d’un nouveau projet : Une journée de l’éducation musicale # 1 à Lille, demain ! Le projet initial s’est un peu transformé. Nous ferons le bilan de ce nouveau moment. Nous avions imaginé des temps de marché de connaissances mais les propositions n’ont pas été nombreuses. Cela relève certainement d'un manque de communication de notre part. La préparation de la journée de demain est cependant l’occasion d’initier un dialogue avec le CFMI de Lille et je salue d’avance son directeur Philippe Poisson (qui fut responsable de la publication du bulletin de l’APÉMu).

* Une revue 2024 en projet avec comme sujet principal la composition.

* Un numéro à part “Bienvenue dans le métier” à paraître en 2025.

 

Ouf… Nous avions d’autres choses prévues pour faire vivre notre métier, innover, partager, créer selon nos objectifs,

 

MAIS !!

 

Nous avons appris - certes nous le savions déjà, mais l’éprouver c’est autre chose ! - que les choses sont fragiles ! Après 5 années pendant lesquelles la musique avait toutes les vertus, nous avons compris que nous pouvions quasiment disparaître des radars, au détour d’une remarque : à quoi sert la musique ?

 

Alors nous avons fait vivre l’association autrement avec des actes liés à une actualité complexe.

 

Des actions pour notre discipline avec une chronologie particulière cette année puisque tout simplement, en une parole et une méconnaissance de nos métiers, nous avons failli disparaître :

 

Acte I, scène 1 : Une contribution dans l’élaboration du « Choc des savoirs » afin de donner du sens à notre discipline dans cette perspective avec un appel à plus d’éducation musicale, contribuant à un renforcement cognitif et une connaissance des langages musicaux et de l’histoire des arts - Gabriel Attal, ministre.

Acte I, scène 2 : Un entretien avec l’inspection générale sur l’avenir de la discipline, pour faire connaissance et comprendre les enjeux des volontés de réforme - G. Attal ministre.

Acte II, scène 1 : Un communiqué de presse pour alerter sur les propositions d’optionnalisation puisqu’en plus du « Choc des savoirs » s’ajoute la question d’un enseignement du théâtre et de l’histoire des arts - prise de parole du président.

Acte III, scène 1 : Une audience au ministère en avril 2024 après de nombreux changements de ministre : l’assurance que les enseignements artistiques resteraient tels que structurés actuellement - Nicole Belloubet, ministre.

 

Epilogue ? Postlude ? Ou nouvel opus ?  Nous apprenons qu’une mission de réforme sur les enseignements artistiques débute. Nous sollicitons un rendez-vous au titre de notre expertise. S’ensuit un échange avec le Recteur de Rennes, chargé de la mission sur une réforme des enseignements artistiques au collège, initiée par une ministre juste avant de démissionner - Anne Genetet, ministre.

 

On repart au front ?

 

La vague impression d’avoir été essorés, et je peux le dire au pluriel.

Je remercie le bureau et les membres du CA. Ils ont accepté et travaillé un grand nombre de dimanches soirs cette année, pour écrire des communiqués, des textes importants, ainsi que la newsletter. Beaucoup d’énergie, de débats, de l’abattement, des satisfactions, de l’inquiétude.

Je remercie aussi tous collègues qui sont sur le fil messenger APÉMu, c’est chronophage mais passionnant ! Les échanges et les dialogues sont essentiels et font partie de l’ADN de notre association.

Les délégué·e·s académiques font un travail de terrain, difficile parce que le rassemblement n’est plus dans l’air du temps. Et pourtant quand nous nous retrouvons, nous savons que cela est bénéfique. Continuez à faire cette belle mission qui est à l’origine de notre association. C’est notre force et nous avons besoin certainement de mieux œuvrer ensemble pour faire vivre l’APÉMu.

 

Je remercie Karine Marchal qui travaille au long de l’année pour animer une équipe de rédaction et produire ce qui est un outil essentiel pour notre discipline, la Revue.

 

Et, aujourd’hui à Lille, je remercie évidemment Anne-Lise Théhot et Marie-Françoise Quinet. Nous profitons, Marie-Françoise, de ta longue expérience. Je sais que tu voulais nous accueillir une dernière fois dans la belle et chaleureuse ville de Lille et le lycée où tu donnes le goût de la musique depuis de longues années. Tu as aussi œuvré pour l’éducation musicale en Europe au sein de l’European Association for music at School et nous t’en remercions.

 

Quels chemins pour demain ? Quelles envies ? Comment avons-nous envie de partager notre discipline ?

 

Vous êtes nombreuses et nombreux aujourd’hui pour une AG. Nous devons réfléchir pendant ce week-end à nos manières d’agir pour fédérer encore mieux, et je l’espère ouvrir des perspectives de réflexions nouvelles sur notre discipline.

Nous savons que nous restons fragiles. Les arts sont essentiels quand tout va bien ! La volonté de réforme du collège en cours brinqueballe tout le monde, vous le savez. Entendre tous les jours dans les médias, pendant quasiment une année complète que les réformes en cours qui sont de l’ordre du chamboule-tout, sous-entendent que nous faisons mal notre travail, provoquent de nombreux malaises.

 

Et nous que pouvons-nous faire ?

 

Nous subissons encore et encore les stéréotypes d’une éducation musicale qui n’a plus lieu mais nos décideurs vivent avec leurs propres souvenirs sans se soucier de connaître la réalité. C’est une modernité certainement que de décider à l’aune de sa propre expérience !

Dans le pire moment de la crise entre novembre et mars, les réseaux sociaux se sont habillés de multiples exemples de ce qui se fait dans les établissements scolaires et cela fut un bel élan.

Nous sommes crédibles quand nous faisons des enquêtes, nous sommes sur le terrain pour dire à quel point les professeurs d’éducation musicale sont dans l’air du temps, sans allusion péjorative ! Nous avons une ligne directrice : une éducation musicale pour toutes et tous les élèves du collège, une éducation musicale ou musique pour les lycées, ouverte à toutes et tous les lycéens quels que soient leurs parcours.

 

Quelques pistes, réflexions ?

 

Nous devons nous interroger et nous intéresser à ce qui se passe à l’école primaire et à l’université.

Nous avons besoin de monde dans les différentes missions que nous pouvons nous donner ! C’est une rengaine que vous connaissez mais l’APÉMu ne vit que par les adhérent·e·s.

 

Nous devons être fier·e·s de ce que nous sommes, de ce que nous faisons, apportons et enseignons aux élèves et aux jeunes :

 

Grâce à nous, 100% des élèves de France font de la musique et peuvent ensuite poursuivre au lycée. Quelle belle opportunité que depuis plusieurs années des élèves qui ne sont pas scolarisés dans l’enseignement spécialisé puissent approfondir au lycée. Nous formons grâce à l’école les musiciens de demain : qu’ils jouent, qu’ils deviennent professionnels, qu’ils soient amateurs, qu’ils bidouillent, qu’ils chantent dans leur salle de bain : c’est le musicking ; ce qui compte n’est pas le langage musical mais l’acte de faire, écouter !

La musique est une anthropologie et c’est pour cela que nous l’enseignons : alors musiquons et faisons le savoir ! Musiquer, c’est vivre ! Musiquer, c’est développer un plaisir de l’écoute et du jeu, de la manipulation sonore qui nous sont essentiels. Musiquer, c’est créer, inventer. Musiquer, c’est hurler à tue-tête pendant un concert ou pleurer devant son portable. Musiquer, c’est se créer un imaginaire musical et pouvoir en avoir un de manière autonome et critique, qui s’ancre dans la biographie de chacune et chacun. C’est notre rôle et le rôle de l’école.

 

APEMUSIQUONS !