audience au ministère 27/01

Jérôme Thiébaux

Compte-rendu de l’audience au ministère de l’éducation nationale du jeudi 27 janvier - 10h

Pour l’association des professeurs d’éducation musicale (APEMu)
Jérôme Thiébaux, président
Anne-Claire Scébalt, vice-présidente

Pour le ministère de l’éducation nationale (MEN)
Amel Cogard, conseillère en charge de la culture, de la mémoire et des projets éducatifs
Manuel Brossé, chargé de mission de l’éducation artistique et culturelle
David Bauduin, conseiller en charge des affaires pédagogiques

En préparation de l’audience, l’APEMu a fait parvenir un document concernant l’analyse de deux
enquêtes auprès de ses adhérents. Ce document évoque la situation de l’enseignement de
l’éducation musicale au lycée (spécialité et option), et l’enseignement facultatif de chant choral dans
les collèges.

La situation de l’enseignement de la musique dans les lycées est le premier sujet abordé lors de
l’audience. L’APEMu commente différents aspects de son document.

Les arbitrages concernant le report des épreuves de spécialité sont certainement en cours. L’APEMu
plaide pour un report d’épreuve et souligne la difficulté de conduire le programme dans le contexte
actuel.

La proposition qui est entendue de donner aux élèves le choix dans les sujets n’est pas réaliste en
musique. Les conditions de l’examen imposent plusieurs écoutes d’une même oeuvre ou extrait
pour composer. Il semble irréaliste de pouvoir dans ce cadre pouvoir proposer plusieurs sujets.

L’oral de la spécialité est centré autour d’une épreuve de création en groupe. Les élèves doivent être
présents toutes les semaines pour mener à bien ces projets. C’est pour ces raisons que l’APEMu est
en faveur d’un report d’épreuves. Les conditions actuelles les en empêchent.

Comme l’APEMu le souligne dans son document préparatoire, la possibilité d’une dérogation pour
parcours particulier n’est pas prise en compte pour les élèves. C’est pourtant un enjeu majeur pour
notre discipline.

Depuis la réforme du lycée, les options ne sont plus considérées comme dérogatoires dans les
affectations et cela a un impact négatif sur la présence de l’enseignement de la musique dans les
lycées.

L’APEMu attire aussi l’attention du ministère sur le respect de la quotité horaire pour les élèves, qui
peut varier selon le nombre d’élèves. L’association souhaite combattre un double critère qui affaiblit
l’enseignement et qui consiste d'une part à baisser les horaires voire de ne pas respecter les horaires
définis par la loi et d’autre part à fusionner les groupes.

L’éducation musicale est dans une situation particulière au sein du système éducatif puisqu’il est
possible de constater une rupture d’enseignement entre le collège et le lycée. La réforme du lycée a
des effets induits sur les effectifs et la présence de l’enseignement. Certains départements ne
proposent pas (ou plus) l’enseignement de spécialité. Il en est de même dans certaines
agglomérations importantes.

Il y aurait à penser une double exigence pour assurer l’égalité républicaine de l’offre d’enseignement
:
- permettre la continuité du parcours de l’élève au sein des demandes de dérogation
- approfondir le maillage du territoire, certains départements n’offrent aucun enseignement
de spécialité, certaines agglomérations importantes en sont aussi dépourvues

En complément de ces propositions, et afin de renforcer l’accès à la spécialité musique, l’éducation
musicale (et les arts en général) pourrait aussi intégrer les cordées de la réussite, en ouvrant sur des
perspectives Bac -3 / Bac +3

La Philharmonie de Paris fait un travail remarquable sur l’orientation. L’APEMu a conscience que la
dérogation peut être une stratégie d’évitement de la carte scolaire, mais toutes les spécialités et
options ne se font pas dans les établissements les plus attractifs, et il s’agit aussi de faire confiance
aux élèves sur leurs motivations d’orientation.

L’APEMu souhaite aussi alerter sur la question des effectifs et sur la prise en compte des chiffres sur
deux années particulières pendant lesquelles il a été quasiment impossible de valoriser
l’enseignement. La baisse est conjoncturelle et un message aux académies, afin de prendre en
compte le temps long, semble nécessaire.

Le MEN répond aux propos et propositions de l’APEMu sur le lycée.
Le ministère précise que les arbitrages sur les épreuves de spécialité sont sur le point d’être rendus.

Les spécificités de chaque discipline seront prises en compte et l’inspection générale sera chargée
de réfléchir aux formats adaptés pour chaque discipline. Si le temps d’écoute prive d’autant les
élèves pour composer, il est effectivement souhaitable d’avoir des aménagements. Il en est de
même pour la spécificité de l’épreuve orale.

La réforme du lycée et ses conséquences sur les enseignements de la musique ont déjà été discutés
lors de la précédente audience.
La crise sanitaire n’a pas permis de prolonger le développement de la réflexion, menée par les
autorités académiques, sur l’importance d’une dynamique et d’une logique des parcours.
Cependant concernant l’orientation et les parcours des élèves une réflexion est en cours,
notamment sur la question de la prise en compte des enseignements optionnels par l’enseignement
supérieur dans parcours sup.

Le MEN a fait l'observation au sein de parcours sup du choix des élèves après mise en place de la
réforme : il existe une extrême diversité du choix de spécialité et grande richesse des parcours. Il n’y
a pas de répétition massive des anciennes séries, c’était l’objectif de la réforme que d’offrir un plus
grand choix aux élèves, selon leurs goûts et leur projet de formation ultérieur.

Il reste un travail à conduire avec l’enseignement supérieur et l’ONISEP sur la dynamique des
spécialités et sur l’optionnel.

Le MEN reste vigilant sur la question du respect des horaires et du respect des textes. Ces aspects
seront rappelés aux recteurs.

L’APEMu commente le second sujet de la note, l’enseignement facultatif de chant choral.
L’association souhaite qu'un bilan qualitatif et quantitatif du plan choral après cinq années de mise
en oeuvre soit proposé aux enseignants. L’APEMu a été invitée au dernier moment au colloque
organisé par la Philharmonie de Paris sur les pédagogies nouvelles du chant choral. L’association
s’étonne de ne pas avoir été considérée comme un partenaire initial. Cet événement ne peut se
substituer à un état des lieux du plan choral.

Dans la pratique, les inquiétudes persistent sur les mises en oeuvre au sein des établissements et les
applications réglementaires. L’APEMu a déjà évoqué ce sujet lors de l’audience précédente, mais la
situation ne semble pas évoluer voire se dégrade. Les nombreux témoignages des enseignants
récoltés lors des différentes enquêtes doivent alerter, notamment sur l’absence de respect
réglementaire - certains enseignants étant encore rémunérés sous forme d’IMP alors qu’ils sont
devant élèves. Enfin, la chorale est encore trop souvent mise en oeuvre hors de l’enseignement
facultatif de chant choral. Faut-il que l’APEMu appelle les enseignants à ne pas mettre en place une
chorale si celle-ci ne se fait pas dans le cadre décrété de l’EFCC ?

Le MEN confirme le maintien de lignes budgétaires pour l’année 2022 concernant
l’accompagnement et la mise en place du chant choral et il n’est pas question de remise en cause de
l’EFCC dans ce cadre.

Un bilan du plan choral est certainement nécessaire. Le colloque de la Philharmonie de Paris dont le
bilan du projet EVE était le centre a bien souvent évoqué d’autres pédagogies et d’autres approches
qui peuvent irriguer les pratiques pédagogiques au sein de l’éducation nationale.

Le MEN le rappelle, il ne peut y avoir de fléchage horaire vers les DHG des établissements pour la
chorale. Les effets de la crise sanitaire sur le choix de certains établissements sont aussi des
éléments observés et pris en compte. Face à ce constat et au constat de l’APEMu, le cabinet défend
une action de communication forte du ministre vers tous les acteurs pour rappeler l’importance du
plan choral.

Le MEN prend aussi note des problèmes liés à la question de la DHG et au non-respect des aspects
réglementaires de la rémunération de l’EFCC. Le message aux académies prendra aussi en compte
ces éléments.

Le MEN souhaite voir se développer le travail en réseau : avec le rapprochement entre les DRAC et
les DREACC, le chantier des CHAM, le rapprochement avec les conservatoires, sur les actions de
médiation en lien avec les pôles supérieurs, dont les étudiants devraient pouvoir intervenir dans le
1er degré dans le cadre de l’EAC. A ce titre, le MEN interroge l’APEMu sur ses liens possibles avec la
Fédération nationale du chant scolaire qui a présenté ses travaux récemment au cabinet du ministre.

L’APEMu est en contact avec la FNCS et son président et des chantiers communs ont été évoqués.
Enfin, le Pass culture est un nouvel outil exceptionnel destiné à financer l’EAC avec une part
collective. Les enseignants doivent s’emparer de cet outil, pourquoi pas en lien avec les questions de
production et d’action de financement de projets chorals évoqués par l’APEMu.

 

En conclusion et synthèse de cette audience, le MEN confirme la réflexion sur la mise en place
rapide d’un message aux académies sur la question globale du plan choral et de l’EFCC. Un courrier
sera également adressé aux recteurs rappelant la quotité horaire des options au lycée. Une
réflexion sur le pilotage commun en ce qui concerne les disciplines enseignées au lycée notamment
en questionnant le maillage territorial suite aux remarques de l’APEMu semble aussi nécessaire.