Lycée-Courrier au Ministre
Épinal, le 25 septembre 2020
Monsieur le Ministre,
Conscients des enjeux de santé publique, les enseignants en éducation musicale se conforment strictement au protocole sanitaire spécifique prévu pour l’éducation musicale au collège et au lycée. Celui-ci impose le port du masque, y compris lors des pratiques vocales et interdit l’utilisation d’instruments à vent.
Alors même que le protocole d’EPS prend en compte la spécificité des activités conduites dans cet enseignement, nous regrettons infiniment que les pratiques vocales n’aient pas fait l’objet d’une attention particulière. Au regard de la situation, car la voix parlée, n’est pas la voix chantée, et après avoir pris des éclairages de plusieurs spécialistes (orthophonistes, phoniatres), il nous semble indispensable que la situation soit réévaluée.
Par ailleurs, l’interdiction de l’utilisation des instruments à vent vient remettre en question l’enseignement de la musique en lycée et la préparation pour cette première session du baccalauréat. En effet, en spécialité musique, « en étant accompagné de ses partenaires choisis prioritairement dans l'enseignement de spécialité et exclusivement parmi les élèves du lycée, le candidat scolaire interprète une création collective élaborée durant l'année de terminale ». Le programme impose que la création soit le fruit d’un travail conduit en classe et collectivement. Compte tenu des restrictions qui sont imposées, les élèves instrumentistes à vent (souvent en majorité) ne pourront présenter régulièrement l’épreuve orale du baccalauréat. Cette situation interroge l’égalité républicaine face à l’examen et inquiète toute la communauté scolaire : les élèves et leurs parents, par ailleurs déjà angoissés par les nouvelles modalités du baccalauréat, les enseignants, dans l’impossibilité de préparer leurs élèves et les chefs d’établissement qui craignent des recours administratifs. L’échéance du mois de mars en appelle à une décision rapide pour permettre à ces élèves mais également à la classe d’envisager le travail préparatoire à l’oral du baccalauréat dans les conditions prévues par les textes.
Si la protection des personnes et de leur santé reste une priorité, nous comprenons difficilement pourquoi la pratique d’un instrument à vent est possible dans les orchestres à l’école, dans les conservatoires et interdite au lycée. A la lecture des protocoles mis en œuvre dans les conservatoires par le ministère de la culture, il apparaît que d’autres réponses adaptées à nos spécificités devraient pouvoir être considérées.
Ainsi sollicitons-nous de votre haute bienveillance une audience laquelle nous permettra d’envisager ensemble des solutions, dans l’intérêt des élèves, de leur formation et de leur réussite au baccalauréat.
Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale, l’expression de nos sentiments respectueux et dévoués à une éducation artistique de qualité au sein de l’école de la République.
Anne-Claire SCEBALT
Présidente de l’APÉMu