Plan chorale

Anne-Claire Scébalt

Plan « chorale »
Etat des lieux au 1er juillet 2018

 

Depuis de nombreuses années, le statut, l’organisation et la reconnaissance de la chorale n’ont cessé de changer. Cela jusqu’à l’arrêté publié au J.O. du 2 février 2018 qui inscrit la chorale dans les enseignements facultatifs dans la limite de 72 heures annuelles dont au moins une heure hebdomadaire.

Ce texte censé donner un cadre à l’enseignement met du temps à s’imposer dans les collèges et suscite de nombreuses interrogations de la part des enseignants et chefs d’établissement. L’enquête conduite auprès de 918 personnes visait à mesurer l’évolution entre l’avant et l’après “plan chorale”.

 

1 - Évolution sur l’existence ou non d’une chorale

À ce jour, 5,5% des établissements sont sans chorale (7,6 % en juin 2016).

Les raisons pour lesquelles il n’y a pas de chorale restent les mêmes :

 

73% annoncent des problèmes de rémunération ; certains ont répondu tôt à l’enquête mais nous ont déjà fait savoir que la situation avait évolué.

16% font le choix d’une autre pratique collective que la chorale.

25% rencontrent des problèmes d’organisation pour mettre en place la chorale au sein de l’établissement.

20% disent avoir trop d’heures supplémentaires pour absorber en plus la chorale en n’ayant pas la possibilité de faire venir un BMP pour quelques heures.

 

2 - Rémunération

Le bénévolat a presque disparu ; quelques très rares collègues se contentent de quelques HSE.

99% des enseignants ont au moins une heure, en HSA ou inclue dans les 15/18 heures.

La proportion d’enseignants rémunérés 2 heures évolue positivement. En 2011, lors de la sortie de la circulaire rappelant la rémunération à 2 heures, 53% des enseignants avaient 2 heures. Le chiffre est descendu à 29% en 2006. Au stade de l’enquête, il approche à nouveau les 50%. On peut imaginer que ce chiffre évolue à la hausse, certaines réponses datant d’il y a plusieurs semaines et certains collègues nous ayant déjà fait part d’une évolution positive.

 

3 - Un enseignement qui demande à s’épanouir

Les effectifs des chorales sont stables et montrent qu’il y a moins de chorales à petits effectifs.

- de 20             = 15 %
20 à 30            = 29 %
30 à 40             =18 %
40 à 50            = 14 %
50 à 60              =9 %
+ de 60           = 15 %

Entre 2016 et 2018, malgré les difficultés de rémunération, le nombre de concerts reste très important, puisque 70 % des chorales donnent au moins 2 concerts par année scolaire. Ceci démontre une implication constante des enseignants d’éducation musicale.

30% un concert
40% en font deux
16% en font 3
14% en font plus !

 

Cet investissement est visible dans deux autres aspects :

90% des enseignants font des répétitions en plus de l’heure hebdomadaire. 84% sur le temps scolaire, 34% hors temps scolaire. La rémunération de ce temps de travail sera maintenant rémunéré par l’heure “flottante”. 

35% des chorales participent à la “rentrée en musique”, dispositif assez neuf dont se sont rapidement emparés un bon nombre d’établissements, qu’ils possèdent une chorale ou non. 20% des chorales participent à la fête de la musique ou à une cérémonie citoyenne. Concernant la rentrée en musique, des établissements sont entrés dans le dispositif sans la participation de la chorale.

 

4 - Remarques libres et témoignages

Les représentations et la compréhension du “plan chorale” sont divers selon les enseignants et les chefs d’établissement, ce qui amène à des situations hétérogènes et des incompréhensions.

Le texte fondateur de l’enseignement facultatif n’est pas encore connu de tous, et le vade mecum n’a pas encore été lu avec attention.

176 personnes ont formulé des remarques libres (soit 20%) quant aux freins dans la mise en œuvre de la chorale à la rentrée prochaine. Des problèmes constants reviennent régulièrement.

 

Rémunération

6/28/2018 19:08:10
Nantes
Le chef d'établissement ne veut pas entendre parler d'HSA pour la rémunération de la chorale : la chorale sera rémunérée uniquement 1 heure en IMP.

6/16/2018 14:51:06
Aix-Marseille
Étant impliquée dans un projet de grande envergure l'année prochaine, j'ai demandé à être rémunérée 2h pour la chorale, mais ma principale m'a répondu qu'elle n'avait qu'une heure à m'accorder et sûrement quelques fragments d'IMP. Qu'en est-il des 72 heures dont Monsieur BLANQUER nous parle pour la chorale ? 

Les problèmes d’organisation : le créneau horaire choisi, l’inscription à l’option (mise en place de l’inscription, contrôle de l’assiduité),

6/21/2018 12:14:19
Nantes
Le temps de répétition a lieu le midi dans un collège qui fonctionne en journée continue. Cela signifie que chaque année, un nombre important d’élèves est privé d’accès à la chorale et que les répétitions sont très insatisfaisantes car limitées à un créneau de 55 min dans lequel il faut inclure le repas des choristes (donc une durée effective de répétition encore amoindrie...).


6/21/2018 8:54:53
Dijon
Cette année, je n’ai eu que la solution de faire la chorale en dehors du temps scolaire prévu aux emplois du temps des élèves 17h05 - 18h15. Obligeant les parents à venir chercher leur enfant à l’issue de la séance chorale. Dans mon collège rural, environ 90% des élèves sont transportés. Les bus ne font qu’un seul ramassage le soir, c’est-à-dire à 17h00. Le temps de pose méridien des élèves est majoritairement d’une heure - temps pour manger compris de 12h00 à 13h00. 80% des élèves reprennent à 13h00. Par conséquent, il n’y a pas de place pour faire la chorale sur ce créneau horaire. Conséquence : un effectif réduit, fluctuant en fonction des modifications d’emploi du temps des élèves, sans compter une certaine inconstance reconnue et avérée des élèves pour leur engagement dans une activité ou une option.
 

La confusion dans l’interprétation des textes

6/29/2018 11:55:41
Toulouse
L'année prochaine, la direction souhaite considérer la chorale comme activité péri-éducative ! Bras de fer en cours...


6/6/2018 8:40:39
Amiens
Mon chef d'établissement freine à mettre en place les éléments des circulaires et décrets, sous prétexte que ceux-ci sont illégaux car aucun moyen n’est fléché dans la DHG pour les mettre en place.
 

6/6/2018 14:52:47
Bordeaux
Les heures attribuées et/ou IMP ne se font pas sur les mêmes bases dans les différents départements. Les Dasen donnent des consignes différentes. À ce jour, les chefs d'établissement n’ont pas de ligne de conduite identiques dans tous les établissements. Si la chorale représente 72 h il faut que le message soit imposé et accepté partout. C’est loin d'être le cas.
 

6/16/2018 21:55:00
Versailles
Mon principal affirme n'avoir aucune information sur le “plan chorale” et donc n'a pas deux heures mais une seule pour la chorale. Il n'est donc pas prévu de trouver une heure libre commune à l'ensemble des classes afin que tout le monde puisse participer. Il m'a affirmé que, selon lui, l'annonce plan chorale n'était justement qu'un "effet d'annonce" politique n'ayant rien de concret.
 

Les projets

6/20/2018 21:58:20
Rennes
La chorale fait un seul spectacle annuel de fin d'année (en mai) dans une salle de spectacle, devant 500 personnes, spectacle où je dois tout gérer seule (convention avec la mairie, techniciens son et lumière, billetterie, SACEM, etc.) et aucune heure supplémentaire ne m’est accordée. Il représente pourtant une très grosse “vitrine” pour l'établissement . La rentrée en musique n’est pas la priorité de l'établissement.
 

 

Conclusion  

La mise en œuvre du “plan chorale” a eu un effet significatif sur le maintien des chorales puisque la quasi totalité des établissements aura une chorale à la rentrée. L’effet s’étend également à la rémunération telle qu’elle est définie dans le B.O. De plus en plus d’établissements dotent la chorale de 2 heures, soit une heure hebdomadaire et 36 heures volantes.

Si l’évolution est encourageante, ce cadre légal n’est pas encore majoritairement respecté.

Les disparités et des difficultés subsistent. Celles-ci concernent la rémunération de la chorale, mais aussi des problèmes d’organisation au sein de l’établissement qui nuisent au bon fonctionnement.

Bien sûr, ces disparités et ces freins rencontrés sont liés à la jeunesse du “plan chorale”. Le temps, la volonté et la constance politiques quant à sa mise en œuvre permettront, nous l’espérons, de résorber ces dysfonctionnements.