Compte rendu de l’audience du 13 juillet 2017

Anne-Claire Scébalt

Rencontre avec Matthieu Lahaye, conseiller discours, mémoire, culture, langues régionales, en charge de l’éducation artistique et culturelle. 

En guise d’introduction j’ai présenté l’association, son fonctionnement, ses missions et nos publications.  Depuis plusieurs années, notamment depuis le décret du 20 août 2014 relatif aux obligations de service et aux missions des personnels enseignants qui précise que chaque heure chorale est décomptée pour sa durée effective, les chorales sont fragilisées dans leur fonctionnement et la spécificité  de cet enseignement n’est plus prise en compte (effectifs qui dépassent le plus souvent celui d’une classe, heures supplémentaires de répétition, partenariats extérieurs…). L’attribution de l’IMP qui avait été promise en remplacement de la 2e heure reste marginale. L’heure consacrée à la chorale, souvent mise en concurrence avec d’autres enseignements, est difficile à obtenir et est souvent le fruit de négociations avec le chef d’établissement et le conseil pédagogique.

Matthieu Lahaye rappelle l’attachement du ministère et de Monsieur le Ministre à la chorale et à l’éducation musicale. La maîtrise des savoirs fondamentaux doit s’appuyer sur ces enseignements. Ils contribuent pleinement au « lire, écrire, respecter autrui » et participent évidement à la construction culturelle de l’élève. Cet intérêt s’exprime notamment dans le projet de « rentrée en musique » qui sera l’opportunité de valoriser les pratiques chorales et de placer l’année sous le signe de l’effort et du plaisir à l’école.

 

Si la chorale est fléchée dans la DHG, que faire si un enseignant n’a pas le goût ou pas en mesure d’assurer la chorale (pour d’autres raisons) ?

D’après les données que nous avons récoltées, très peu d’établissements n’ont pas de chorale et parmi ceux-ci les 2/3 pour des raisons de rémunération et d’organisation. On peut donc considérer que la proportion d’enseignants qui ne veulent pas est minime. Néanmoins, si l’heure de chorale est fléchée dans la DHG, il est évident qu’un accompagnement dans la formation continue permettra à chacun d’investir pleinement ses missions au sein de la chorale. Par ailleurs, si la chorale doit être privilégiée parce qu’elle est égalitaire, accessible, développe des compétences vocales indispensables dans la vie de chacun, on peut tout de même envisager que, à la marge, d’autres pratiques collectives soient conduites en collège.

 

  

Dans certains cas le chef d’établissement fait-il  appel aux conservatoires ? Ou à un professeur d’un collège voisin ?

La philosophie et les pratiques dans les conservatoires sont très différentes de celle de l’éducation musicale et du chant choral. De manière générale, fondés sur l’élitisme et la sélection, les conservatoires forment une minorité et doivent la conduire à l’excellence musicale. L’éducation musicale et le chant choral au sein de l’école de la République ont vocation à former chaque élève et à se mettre au service des apprentissages et de la construction de chaque futur citoyen.

Faire appel à un professeur d’un collège voisin est une pratique très marginale qui doit recueillir le consentement de toutes les parties. Cela ne nécessite pas d’être encadré.

 

L’APEMu souhaite revenir aux 2h de chorale payées pour 1h effective, mais pourquoi ne jamais avoir exploré d’autres pistes, par exemple 2h effectives payées 2h ?

Ce serait une proposition inédite à laquelle je ne peux répondre sans avoir recueilli l’avis de mes collègues. D’ores et déjà des questions se posent. Bien entendu, cela ne doit pas entrer en concurrence du cours d’éducation musicale. De nombreux chefs d’établissement peinent déjà à attribuer une heure sur la DHG, qu’en sera-t-il de 2h ? La chorale fonctionne par projets, cela implique une souplesse indispensable dans l’organisation des répétitions et si, in fine, le nombre d’heures dépasse le ratio d’une heure par semaine, il est important de pouvoir concentrer ces heures au moment des répétitions générales et des concerts.

 

Quelles sont les demandes de l’APEMu ?

Les difficultés que nous rencontrons concernent l’heure attribuée à la chorale et la prise en compte de la spécificité de cet enseignement. Une heure fléchée dans la DHG et un retour à la circulaire de 2011 est un cadre qui permettrait aux chorales de s’épanouir et de jouer pleinement leur rôle au sein de l’école. La proposition d’évaluation telle qu’elle est formulée dans la circulaire de 2011 est une garantie face aux interrogations formulées précédemment.

 

La rentrée en musique sera un événement inédit. La chorale et l’éducation musicale sont sources de bonheur et de plaisir à l’école, conditions sine qua non de l’apprentissage. Ce devrait être un moment fédérateur qui donnera un élan positif pour l’année à venir.

Le ministère connaît les enjeux éducatifs des pratiques chorales et de l’éducation musicale et compte particulièrement sur ces enseignements pour assoir l’ambition de l’acquisition des savoirs fondamentaux pour tous. Mettre la musique à l’honneur lors de cette rentrée est précurseur d’une année où l’éducation musicale et le chant choral joueront un rôle essentiel au sein de l’école.

La rentrée en musique pourra prendre différentes formes car il s’agit bien de partager un moment musical avec simplicité et non de donner un concert. Il est important de ne pas perdre de vue les objectifs de cet événement. Certains professeurs envisagent de faire interpréter quelques chants, de passer un extrait vidéo du concert de l’année précédente ou d’inviter un parent musicien... La mise en œuvre s’adaptera au contexte et la configuration de chaque établissement. 

Nous sommes convaincus que l’éducation musicale et le chant choral sont source de bonheur et de plaisir à l’école. Le rôle essentiel qu’ils doivent jouer dans les apprentissages, dans la construction des élèves et au sein du climat scolaire de l’établissement n’est plus à démontrer. Pourtant la rentrée en musique pose de nombreuses questions.

Dans sa réalisation, tout d’abord puisque l’annonce tardive et l’organisation précisément le jour de la rentrée mettent en péril sa réalisation.

Il faut envisager les choses avec simplicité et pragmatisme.

 

Nous craignons qu’il s’agisse d’une action sans lendemain et qu’après une mobilisation des enseignants nous retrouvions les difficultés qui sont les nôtres.

L’attachement de M. le Ministre aux pratiques chorales est incontestable. Même s’il n’est pas possible à l’heure actuelle de donner des garanties, la volonté est de penser et de construire l’avenir des chorales.

 

 

 

Après réunion exceptionnelle du CA le 17 juillet voici la position de l’APEMu et le mail que nous avons envoyé à Matthieu Lahaye :

Monsieur le Conseiller,

Pour faire suite à notre échange du jeudi 13 juillet et après avoir réuni un CA extraordinaire, je souhaite vous faire part de différents éléments. 

L’annonce tardive et le calendrier contraint impliquent que de nombreux collègues ne seront pas en mesure d’organiser la rentrée en musique. Par exemple, la majorité des collèges accueille seulement les 6e le 4 septembre et les autres élèves ne seront pas disponibles pour présenter un travail réalisé l’année précédente. 

Un moment musical même modeste demande une organisation matérielle, humaine et un temps de répétition incompressible. Par ailleurs, les personnels de direction ne semblent pas avoir été informés directement de la rentrée en musique et, dans les établissements, l’organisation de la rentrée a été prévue sans inclure de moment musical. Il parait alors difficile aux enseignants de s’engager sans que leur chef d’établissement ne soit associé et partie prenante d'un projet déjà complexe à mettre en oeuvre. Ainsi, sans un délai supplémentaire, pour ceux qui le souhaitent, la rentrée en musique pourrait être compromise dans de nombreux établissements et ce, malgré la bonne volonté des professeurs d’éducation musicale. 

Pourtant, dans l’intérêt du rayonnement des chorales scolaires et considérant l’intérêt que vous portez aux pratiques chorales, nous avons décidé de ne pas appeler au boycott. Soucieuse de construire l’avenir et non de sanctionner le passé, l’APEMu jouera son rôle d’association disciplinaire et accompagnera les professeurs d’éducation musicale qui le demandent dans la mise en oeuvre de la rentrée en musique. 

La chorale, enseignement complémentaire du cours hebdomadaire d'éducation musicale a un rôle essentiel à jouer à l’école. Nous espérons que la rentrée en musique ne sera pas uniquement un coup de projecteur mais sera suivie de réelles mesures visant à soutenir et à pérenniser les chorales scolaires. 

En vous remerciant pour votre écoute, je reste à votre entière disposition et vous prie de recevoir mes salutations respectueuses et dévouées à une éducation musicale rayonnante au sein de l’école de la République. 

 

 

Anne-Claire SCEBALT

Présidente de l’APEMu