Questions à Vincent Maestracci

Collectif

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Questions à Vincent Maestracci, Inspecteur Général de l’Éducation Nationale

 

 

Suite à deux heures de questions / réponses et de débats en Assemblée Générale avec Vincent Maestracci, voici quelques points forts qui ont été abordés.

 

 

Où en est le travail du Conseil Supérieur des Programmes ?

 

       La loi d’orientation a installé le nouveau conseil supérieur des programmes (http://www.education.gouv.fr/cid75495/le-conseil-superieur-des-programmes.html#Les_missions%20du%20Conseil%20sup%C3%A9rieur%20des%20programmes). Ses premiers travaux ont porté sur l’élaboration d’une charte nationale des programmes puis sur l’élaboration d’un projet de nouveau socle commun de connaissances, de compétences et de culture qui a été porté à la consultation des professeurs fin octobre 2014.    Il travaille actuellement sur la définition de programmes d’enseignement par cycle selon les objectifs fixés par la loi.

 

 

Etes-vous consulté pour la conception des nouveaux programmes ?

 

       L’IGEN n’est pas membre du CSP et ne travaille pas à l’élaboration des propositions qui en émaneront. Elle sera certainement sollicitée par la Ministre pour lui apporter son expertise lorsque les projets de programmes lui auront été transmis.

       Pour le collège, l’IGEN souhaite que l’évolution portée par le programme de 2008 (approche curriculaire, deux grandes compétences structurantes) ne soit pas remise en cause. Cependant, la logique induite par la loi (cycle 3 hybride école collège et cycle 4, programmes par cycle) pourrait sensiblement modifier l’organisation actuelle.

 

 

Quelle est la place des disciplines par rapport au nouveau socle et dans l’évolution par cycles ?

 

       Le projet de nouveau socle, bien que n’étant pas opérationnel – car ce n’est pas sa vocation – semble donner une place plus importante que le précédent au développement de la sensibilité, à la construction de l’estime de soi, à la capacité à interroger le monde, à créer ou explorer, finalement aux arts et à la culture. Suite à la consultation des professeurs, il sera certainement amendé avant d’être adopté par la Ministre. Quoi qu’il en soit, le rôle des différentes composantes de la formation, les disciplines et les parcours, ne pourra être précisément apprécié que lorsque les programmes seront connus.

 

 

Logique curriculaire / savoirs cumulatifs

 

       La logique curriculaire organise aujourd’hui l’éducation musicale au collège. C’était auparavant le cas des CHAM (programme 2006) et c’est devenu depuis le cas du lycée (programme unique pour le cycle terminal depuis 2010). L’éducation musicale est donc solidement armée pour s’inscrire dans cette évolution.

       La question des « savoirs cumulatifs » est d’une toute autre nature et pas pertinente. En effet, nous savons que les connaissances se construisent par la pratique, que la pratique se nourrit de la mobilisation des connaissances, enfin que ces savoirs construits se… déconstruisent d’autant moins que l’élève a intégré le sens qu’ils portent. Ainsi savoirs et « compétences à les mobiliser pour faire » sont les deux volets du même enjeu d’éducation musicale.

 

 

Textes destinés au grand public / textes destinés aux professionnels

 

       C’est une des questions qui animent le CSP depuis son installation. Comment concilier des niveaux de lecture nécessairement différents ? Pour le socle, pour les programmes ? Quoi qu’il en soit, les enseignants sont des professionnels de la pédagogie et doivent pouvoir disposer, à ce titre, de textes de référence suffisamment charpentés, précis et détaillés pour mener à bien la mission qui est la leur.

       Nous ne sommes pas en mesure aujourd’hui de dire comment le CSP résoudra cette équation.

 

 

Recrutement des enseignants

 

       La réforme de la formation en cours est notamment marquée par un CAPES rénové dès la session 2014. Le nombre de candidats inscrits et présents aux épreuves a enfin été en hausse cette année. Chacun doit poursuivre les efforts d’information des étudiants pour que cette inversion de courbe se poursuive dans les années qui viennent.

 

 

Le numérique

 

        Le numérique est un enjeu majeur pour l’Ecole dans son ensemble et la loi d’orientation l’a clairement souligné : « faire entrer l’école dans l’ère du numérique ». Cet enjeu est double. Il s’agit d’une part de faire évoluer les objectifs de formation pour construire des personnalités qui puissent tirer le meilleur – et pas le pire- de la puissance et de l’omniprésence du numérique et des réseaux sociaux et d’information. Mais il est également indispensable de renforcer l’usage -la mobilisation - des technologies au service d’une pédagogie renouvelée et toujours plus efficace.

 

 

Les TMD

 

       Nous travaillons avec le ministère de la culture à assouplir les niveaux d’exigence technique requis au baccalauréat pour les élèves TMD. Nous avons ainsi l’espoir d’élargir concrètement le vivier d’élèves potentiellement concernés par cette série technologique techniques de la musique et de la danse.

 

 

Le recrutement en série L

 

       La réforme du lycée a incontestablement fragilisé les enseignements artistiques en série L, notamment la musique. Le renforcement de la sectorisation induit par les enseignements d’exploration en classe de seconde a éloigné des élèves hors secteur d’une offre de formation rare et qui les motivait. Il est souhaitable que cette question soit de nouveau posée lors d’une prochaine réforme du lycée.

       Cependant, les professeurs en charge des enseignements au lycée ne doivent jamais perdre de vue que leur pédagogie doit pouvoir concerner tous les élèves issus du collège, qu’il aient ou non suivi un enseignement en parallèle au conservatoire. Il y a encore du chemin à parcourir dans cette perspective.

 

 

Histoire des arts

 

        L’histoire des arts (au sens de 2008) n’est évoquée ni par la loi ni par le code de l’éducation. Cependant, ce qui a été construit depuis 2008 doit aujourd’hui être réfléchi dans le cadre de la refondation de l’école : le socle commun, les programmes rénovés et le parcours d’éducation artistique et culturel. Les travaux engagés par le CSP devraient prochainement éclairer cette question.

 

 

 

 

 

Suite à cette discussion, le Conseil d’Administration de l’APÉMu a décidé de contacter à nouveau le Conseil Supérieur des Programmes afin d’être associé à la réécriture des nouveaux programmes. Il reste également vigilant et actif sur des questions plus statutaires comme la place des enseignements complémentaires (chorale, ensemble instrumental…) ou les recrutements dans les filières lycéennes.