Courrier à la Ministre au sujet de la chorale

Anne-Claire Scebalt

À l’attention de Madame Najat Vallaud-Belkacem

Ministre de l’Éducation Nationale

110 rue de Grenelle

75007 Paris


Epinal, le 23 janvier 2017

 

Madame la Ministre,


Comme le rappelle la circulaire n° 2016-201 du 13 décembre 2016, outre les vertus éducatives de cet enseignement en terme d’apprentissages, d’acquisition de compétences individuelles, scolaires et citoyennes, la chorale est amenée à jouer un rôle particulier dans le cadre de la loi de refondation. Sa contribution au PEAC de l’élève par la rencontre d’artistes, de musiciens et de professionnels du spectacle est originale et vivante. Elle offre également la possibilité à l’élève de s’ouvrir à des pratiques artistiques riches, variées et complémentaires alliant dans les spectacles : la musique, le mouvement, le théâtre, la danse. Ce texte rappelle qu‘un des principes fondateurs de la chorale est le concert comme aboutissement du travail.


Tout comme la circulaire de 2011, ce nouveau texte reconnaît la spécificité, la complexité et la charge que représente le travail conduit à la chorale. Cette circulaire prévoyait la rémunération de la chorale à hauteur de deux heures, prenant en compte : les effectifs importants (60% des chorales ont un effectif qui dépasse une classe), les nombreux spectacles (70% donnent plus de 2 concerts), les heures de répétitions supplémentaires sans lesquelles les projets ne pourraient être conduits (86% des enseignants), les nombreuses heures de concertations et d’échanges avec des collègues et avec des professionnels pour construire ces projets.


Ainsi, l’abrogation de la circulaire de 2011 marque un réel recul dans la prise en considération du travail spécifique conduit à la chorale. Elle créé une véritable inquiétude et un profond désarroi chez les enseignants, dont 52% étaient rémunérés deux heures pour la chorale. Chaque année les professeurs d’éducation musicale proposent avec enthousiasme et engagement des projets de plus en plus ambitieux, pluridisciplinaires, fédérant des partenaires extérieurs. Ces projets ne peuvent s’appuyer davantage sur l’implication généreuse et bénévole des professeurs d’éducation musicale.


Après plusieurs enquêtes conduites auprès des professeurs d’éducation musicale, il appert que l’IMP est très rarement destinée à la chorale (Seuls 10% des enseignants reçoivent une IMP à taux plein). Si, dans la majorité des cas, les personnels de direction reconnaissent et valorisent le travail conduit dans le cadre de la chorale, ils ont rarement les moyens d’accorder tout ou partie d’une IMP.


Alors que les missions confiées à la chorale s’amplifient, les conditions de rémunération hypothétiques telles qu’annoncées dans la circulaire du 13 décembre ne permettront plus de conduire des projets ambitieux, de qualité et de poursuivre les missions éducatives républicaines et citoyennes confiées et assumées actuellement par la chorale.


C’est pourquoi, à l’heure actuelle, il nous semble difficile de nous engager dans les manifestations futures autour des chorales, telle l’opération « école en chœur » proposée l’an passé.


Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre de l’Education Nationale, l’expression de nos sentiments respectueux et dévoués à une éducation artistique de qualité au service du collège de demain.  


Anne-Claire SCEBALT

Présidente de l’APÉMu