Rapport moral 2011

Yolande Barbier-Ceresuela

2011-12-07

Chers collègues, bonjour à tous, 

 

L’assemblée générale de 2011 coïncide cette année avec l’ouverture du 31ème congrès de l’APÉMu qui a pour thème « Improviser autrement ». Encore un congrès passionnant où débats, ateliers conférences, expériences vont alimenter et favoriser, j’en suis persuadée, l’évolution de nos pratiques. Réfléchir et proposer sont des objectifs importants pour notre association et l’organisation de tels congrès montre que l’APÉMu se mobilise et reste dynamique. Je voulais vraiment débuter ce rapport moral en remerciant toute l’équipe de Toulouse qui s’est investie pour le bon déroulement de cet évènement. Organiser un congrès, au vu du contexte actuel, relève de l’exploit pour notre association et ses membres. L’absence de subventions depuis cinq ans pour de telles manifestations et l’association elle-même nous oblige à réaliser des budgets très serrés tout en comptant sur la participation d’un grand nombre de congressistes. Je suis inquiète pour les congrès à venir car les comptes de l’APÉMu ne sont pas extensibles et ce genre de manifestation, essentielle à la réflexion sur l’éducation musicale et à l’image de notre association a un coût ! Pourra-t-on toujours l’assumer ? Je l’espère ! 

 

Lors de mon dernier rapport moral, je vous faisais part de mes préoccupations pour le devenir des options facultatives en lycée et l’implantation un peu aléatoire et discrète de l’enseignement d’exploration « arts du son ». Un courrier envoyé au ministre l’année dernière est toujours sans réponse et la situation au lycée ne s’améliore pas. L’option facultative est toujours aussi peu proposée dans les lycées de France et pourtant choisie au baccalauréat par de nombreux élèves. 

 

En Aquitaine par exemple la situation est ubuesque, plus de 70% des candidats qui la présentent au baccalauréat sont des candidats libres ! Pourquoi la musique est traitée avec un tel autisme par notre ministère et ce, au détriment de l’égalité des chances de tous les lycéens sur le territoire ? De nombreux collègues enseignants sont inquiets aussi pour le devenir de l’option lourde qui s’adresse uniquement aux littéraires et qui, à présent, ne peut se choisir qu’en 1ère ! Les problèmes d’effectifs sont réels face à la toute puissance de la filière S ! 

 

Or, nous devons toujours garder présent à l’esprit que, si l’enseignement de notre discipline se raréfie au lycée, c’est problématique pour le collège et aussi pour l’enseignement supérieur en faculté ! Nous sommes tous concernés ! 

 

L’APÉMu s’est aussi associée cette année aux inquiétudes et revendications des formateurs des PE ! La musique y est réduite à sa portion congrue dans certaines académies ! Les heures de formation ont diminué comme neige au soleil, or, il est très important que l’éducation musicale reste visible dans toute formation de professeur des écoles. Pour construire des projets autour de la musique et pour l’éducation musicale à l’école primaire, le premier interlocuteur et passeur de musique demeure le professeur d’école, encore faut-il qu’il soit dignement et correctement formé ! Comme pour le lycée nous devons nous préoccuper de la façon dont notre discipline est enseignée à l’école primaire, il en va de notre crédibilité tout au long de la scolarité de l’élève. 

 

Cette année, dans le bulletin, beaucoup d’entre vous ont proposé des séquences sur les nouveaux programmes, il faut poursuivre ce fil rouge, je pense, c’est une bonne chose pour nos adhérents et pour l’image de l’association. L’appropriation de nouveaux programmes est un long cheminement ainsi que celui de l’histoire des arts avec une épreuve au brevet des collèges qui s’est généralisée cette année. Beaucoup d’entre vous m’ont fait part de leur scepticisme vis-à-vis de l’organisation et la mise en place de cette épreuve mais aussi, pour certains, de leur enthousiasme à travailler en interdisciplinarité avec d’autres matières et voir le fruit de leur travail évalué lors d’une épreuve orale d’un examen national. 

 

Face à la multiplicité des formes d’évaluation certaines académies ont émis des lettres de cadrage pour 2012 et le déroulement de l’épreuve. Je crois aussi que la plupart d’entre nous se sont approprié les piliers du socle et leur évaluation. La présence de l’éducation musicale pour la validation de certains items montrent à nos collègues, qui pour la plupart découvrent nos pratiques que nous avons des évaluations pertinentes sur les compétences des élèves même si des ajustements sont encore à venir. 

 

Echanger sur nos pratiques, communiquer demeurent toujours des enjeux importants pour notre association. Mais pour cela il faut au moins un délégué APÉMu par académie, voir département, or nous manquons cruellement de délégués dans certaines académies. Je crois que c’est un sujet à aborder au prochain CA de façon approfondie et à surveiller tout au long de l’année prochaine. 

 

Une association, c’est aussi le renouvellement de ses membres et de nouveaux adhérents qui se reconnaissent en l’APÉMu. Le nombre d’adhérents semble cette année repartir à la hausse, faisons-nous connaitre. Le renouvellement du site qui a commencé est un bon moyen pour changer les choses mais ce n’est sûrement pas le seul. 

 

Il y a notre investissement personnel, ce que chaque adhérent peut apporter en faisant connaître l’association autour de lui. Bougeons-nous ! et lors de journées de stage, de formation sur la didactique de la discipline demandons à prendre la parole pour communiquer sur l’APÉMu, son fonctionnement, ses enjeux, sa finalité ! Informons nos jeunes collègues, stagiaires ou professeurs fraîchement nommés de l’existence de l’APÉMu ! 

 

En mars dernier, suite à un courrier alarmiste de notre part adressé au ministre M Luc Chatel, sur le devenir des chorales de collège, l’APÉMu a été enfin reçue au ministère pour évoquer nos préoccupations de vive voix : 

 

- l’inégalité des pratiques chorales en collège sur l’ensemble du territoire 

- les DGH réduites qui incitaient les chefs d’établissement à supprimer ce qui n’était pas un enseignement obligatoire 

- le statut incertain et mal défini des pratiques chorales 

- la rémunération très variable de ces heures suivant les académies et les établissements. 

- De plus en plus d’enseignants sont sur deux, trois établissements, voire des vacataires, dans ces conditions la chorale reste difficile à assurer quand les heures sont proposées ! 

 

M. Muller nous a affirmé que la pratique chorale devait être assurée dans chaque collège voire école primaire, que le ministre y tenait, alors nous avons réclamé un texte écrit qui mette en exergue reconnaisse et valorise l’importance de ces pratiques collectives dans la formation de l’élève en tant que futur citoyen ! 

 

L’allusion aux pratiques chorales dans la circulaire nationale de rentrée ainsi que le texte paru au BO du 22 septembre 2011 officialisent en quelque sorte le chant choral dans nos missions et nos pratiques de professeur d’éducation musicale et c’est important pour nous ! 

 

Comme il est important que les postes au concours soient pourvus et les candidats au Capes d’éducation musicale plus nombreux à se présenter. L’année 2011 a été catastrophique ! Plus de 30% des 120 postes au concours n’ont pas été pourvus, ce qui veut dire plus de 2500 élèves demeurent sans professeur certifié d’éducation musicale et chant choral !!! Cette situation nous interpelle tous et demeure pour nous problématique. Notre discipline requiert de nombreuses compétences transversales et une spécialisation longues à acquérir ! L’APÉMu doit aussi s’interroger sur ce sujet ô combien essentiel au devenir et à la survie de notre discipline. Les clichés ont la vie dure, la musique à l’école n’est pas « une cacophonie » comme certains journalistes le prétendent encore faut-il recruter de nombreux « hussards de la république », (en allusion à un article polémique de Télérama) pour l’enseigner dignement ! L’APÉMu ne manquera pas dans les prochains mois d’interpeller les candidats sur le recrutement et la formation de nos jeunes collègues au métier difficile et passionnant qui est le nôtre ! 

 

Je finirai ce rapport en vous remerciant tous pour votre engagement, votre enthousiasme, vos réflexions, échanges et aussi coups de gueule tout au long de l’année. L’APÉMu doit rester active et cela dépend de nous tous ! 

 

La présidente 

Yolande Barbier-Ceresuela