Rapport moral 2010

Yolande Barbier-Ceresuela

Chers collègues, bonjour à tous.

 

L’année dernière, je vous faisais part de mon inquiétude face à la détermination du gouvernement d’appliquer la réforme de la formation des maîtres et celle du nouveau lycée ! Cette année 2010 demeurera pour nous tous l’année de la mise en place des réformes pour le meilleur et pour le pire !

 

Pour reprendre une citation d’Atys de Lully que citait Fernando récemment dans le bulletin « Dormons, dormons tous, Ah que le repos est doux…. », j’ajouterai « et le réveil brutal ». Grâce à la réforme de la formation des maîtres, les nouveaux professeurs stagiaires reçus au concours du Capes d’éducation musicale et chant choral ont eu la chance de prendre en charge dès la première semaine 18 classes soit 540 élèves et de réfléchir rapidement et « efficacement » aux différentes séquences de cours à mettre en place dans le respect des nouveaux programmes, ce sur trois niveaux 6ème 5ème 4ème , et en ayant surtout rapidement assimilé tous les conseils judicieux sur la prise en main et la gestion d’une classe, présentés dans le DVD de prérentrée fourni par les rectorats. Heureusement, il a pour l’encadrer et le conseiller un « super professeur tuteur », qui a autant d’élèves que lui et souvent un emploi du temps en incohérence avec le sien, mais qu’importe, pour notre ministère « enseigner, est un don » et non un apprentissage ! Et comme je le criais dans mon précédent éditorial, cette situation me révolte et doit tous nous révolter. Elle nous interpelle sur les fondements, la pérennité et la reconnaissance de notre métier. Plus que jamais notre association doit rester vigilante et dénoncer le danger d’une fragilisation de la formation des nouveaux enseignants qui avec un temps complet, manquent de recul, de jugement pour appréhender leur nouveau métier, d’autant plus qu’en éducation musicale, ils se retrouvent souvent seuls à représenter la matière au sein d’un établissement avec un professeur référent tuteur dans un autre. 

 

En ce qui concerne le lycée, l’Apému avait interpellé Luc Chatel sur son inquiétude quant aux menaces de disparition de l’enseignement facultatif, le terme de facultatif n’étant pas pris comme un choix possible de l’élève, or cette option facultative et celle de spécialité musique au lycée concernent un nombre sans cesse grandissant d'élèves. Grâce à ces enseignements nous parvenons à développer le potentiel artistique des élèves, bientôt jeunes adultes, qui n'auraient, pour la plupart, pas l'occasion de le faire autrement. La lettre adressée avant les congés d’été au ministre de l’éducation nationale demeure sans réponse à ce jour ! Et nous constatons malheureusement depuis la rentrée que les enseignements d’exploration « arts du son » ont été implantés la plupart du temps dans des lycées où l’option facultative musique existait déjà et souvent au détriment de celle-ci ! Un grand nombre d’établissements en France continuent d’ignorer cette préparation optionnelle pour le baccalauréat alors qu’elle est plébiscitée par les élèves, le nombre de candidats libres inscrits chaque année le démontre. Quel avenir pour notre matière au collège si elle est mise à mal au lycée ?? Nous devrons continuer à interpeller notre ministre mais aussi, les élus locaux et les parents d’élèves à ce propos ! L’Apému doit rester vigilante et « éveillée » sur de tels sujets.

 

L’année 2010 a vu la mise en place et la consolidation des nouveaux programmes, la généralisation de l’épreuve d’histoire des arts au brevet et l’évaluation du socle commun des compétences ! Peu à peu chacun de nous élabore de nouvelles séquences pour répondre aux objectifs des nouveaux programmes. J’ai souhaité que dans chaque bulletin de l’Apému soit publiée au moins une proposition de séquence de cours d’éducation musicale. Ce sont des pistes de réflexion que chacun peut s’approprier en fonction de ses élèves et de sa propre pédagogie.

 

L’adéquation des nouveaux programmes avec l’histoire des arts semble par contre nous poser davantage de problèmes. Beaucoup d’entre nous ne savent pas par quel bout commencer, et l’interdisciplinarité nécessaire à la mise en place de l’enseignement de cette matière transversale n’est pas toujours évidente à concrétiser sur le terrain. En français et histoire géographie, l’histoire des arts entre cette année dans les nouveaux programmes de 6ème et 5ème or nous devons l’évaluer au Brevet en 3ème ! L’Apému est là pour être une force de réflexion et de proposition envers ses adhérents certes à travers le bulletin mais aussi des assemblées générales comme celle de cette année qui va essayer d’apporter quelques éclaircissements sur le sujet ! La mise en place de cette épreuve à l’oral l’année dernière en tant qu’option au brevet a été plus ou moins réussie et pertinente, on a relevé plusieurs disfonctionnements entre les différents établissements quant aux modalités de passage et de notation. Il faudra rester vigilant cette année pour qu’elle demeure une épreuve orale ouverte et équitable. J’incite tous les adhérents à informer l’association sur les modalités de passage de cette épreuve au brevet dans leur établissement.

 

Après l’épreuve d’histoire des arts au brevet, l’évaluation du socle commun de compétences est un nouveau défi à relever pour l’éducation musicale au collège. Evaluer par compétences, il y a longtemps que nous le pratiquons dans notre discipline ! Alors ne nous cantonnons pas au seul pilier de « la culture humaniste » mais investissons aussi ceux de « la maîtrise de la langue française », « des technologies de l’information » ainsi que les compétences « sociales et civiques » avec celles de « l’autonomie et l’initiative », 5 des 7 piliers du socle concernent notre discipline. Le dire, l’expliquer, l’argumenter au sein des différents conseils pédagogiques et CA des établissements, c’est aussi une forme de reconnaissance des spécificités propre à l’évaluation d’un élève dans notre discipline. Je regretterai cependant que tout ce travail s’effectue à moyens constants, ce qui va demander à tous un effort supplémentaire. Aussi restons vigilant sur la place dévolue à l’éducation musicale dans la maîtrise des connaissances et compétences du socle, elle doit y avoir toute sa place et c’est à chacun d’entre nous qu’il incombe de la défendre.

 

Une des activités animée par le professeur d’éducation musicale permet de valider des items du socle tels que « faire preuve d’initiative », « s’intégrer et coopérer dans un projet collectif » c’est la chorale ! Nous sommes des professeurs d’éducation musicale et chant choral sur le papier mais sur le terrain la situation et l’existence de cette activité demeurent précaires. Les textes régissant les heures de chorale sont flous et surtout peu réglementaires. Selon les académies, les heures existent ou non, sont tributaires du bon vouloir d’un chef d’établissement ou d’un Inspecteur d’Académie. Cette situation est précaire et ne prend pas en compte le travail et le caractère éducatif des pratiques collectives. Devons-nous nous mobiliser sérieusement pour qu’enfin cette activité soit cadrée et reconnue dans un texte officiel sans ambigüité ? Je le pense profondément et j’y crois !

 

Souvenez-vous, il fut un temps où il était fortement question d’une optionalisation des arts en classe de 3ème. L’Apému s’était fortement mobilisée, elle peut aussi le faire pour que ces pratiques artistiques collectives se voient pérennisées dans les établissements scolaires, encadrées par un professeur d’éducation musicale qui connait bien ses élèves. Mais pour se mobiliser, il faut être nombreux et la baisse du nombre d’adhérents de l’association m’inquiète. La crise n’explique pas tout, il ne faut pas laisser la lassitude, le fatalisme, pire l’individualisme s’installer dans nos rangs, alors mobilisons nous tous pour parler, présenter, expliquer le bien fondé de l’Apému dans chacune des réunions où nous rencontrons des collègues. Pour être un interlocuteur crédible auprès de nos gouvernants, nous devons rester représentatifs de notre discipline par le nombre d’adhérents ! Il en va de la survie de notre association.

 

Je conclurai ce rapport moral en saluant le dynamisme d’Anne-Claire Scébalt qui a repris bénévolement avec brio la fonction difficile de directrice de la publication et en souhaitant « Bon vent » à une fidèle adhérente Dominique Terry qui est appelée à exercer de nouvelles responsabilités au sein de l’éducation nationale. Merci à Claude Laporte pour son investissement dans l’accueil de notre AG à Clermont Ferrand et bonne AG à tous !

 

La présidente,

Yolande Barbier-Cérésuéla

 

 

 

Un autre dossier, en liens avec les derniers constats que je viens de faire, et qui sera un des chevaux de bataille de cette année est lié à notre statut de professeur d’éducation musical et chant choral. Notre appellation est claire mais dans les faits la situation reste plus que précaire. Les textes régissant les heures de chorales sont flous et surtout peu réglementaires. Selon les académies, les heures existent ou non, sont tributaires du bon vouloir d’un chef d’établissement ou d’un Inspecteur d’Académie. Nous nous devons de faire part de l’inquiétude et de la lassitude des enseignants face à cette situation précaire qui ne prend pas en compte le travail et le caractère éducatif des pratiques collectives. Nous avons œuvré pour que notre discipline soit la mieux représentée dans tous les établissements. Il semble que la situation soit devenue assez satisfaisante. Pour autant, le prolongement de nos enseignements reste encore trop mal cadré et mériterait un texte clair et réglementaire afin d’éviter les aléas rencontrés ici ou là.