Rapport moral 2001

Odile Tripier-Mondancin

2001-12-07


Assemblée générale de Dijon - Octobre 2001.

Pour commencer deux dates : 1946 - 2001. L’APEMU a 55 ans ; c’est une association qui a traversé un demi siècle. On est en droit de se demander si elle est toujours aussi fringuante, toujours d’actualité ; l’assemblée générale en décidera.

 

Le bureau a souhaité cette année, à titre symbolique, inviter deux de nos prédécesseurs dans la tâche de gestion de l’association. Les inviter pourquoi ? Avant tout pour leur rendre hommage. On construit plus aisément par rapport à un passé. Les générations qui suivent peuvent se positionner avec d’autant plus d’efficacité qu’elles connaissent cet ancrage.

 

Les inviter c’était justement faire prendre conscience à ceux qui ne sont que depuis peu à l’APEMU, quelle est sa « filiation ». Je relisais il y a quelques jours un journal de 1989 - d’il y a 12 ans -. Le sommaire pourrait être actuel : vie de l’APEMU avec lettres à Lionel JOSPIN à l’époque Ministre de l’Éducation Nationale, Denis PAGET Secrétaire National du SNES, des courriers de lecteurs, un compte rendu d’un stage académique sur l’approche de la musique contemporaine, un autre sur l’outil Musicollège, un article sur l’enseignement en horaires aménagés (cela me fait penser qu’il y a bien longtemps qu’il n’y en a pas eu), un projet d’université d’été, des informations sur les stages offerts par Thélème contemporain autour de l’interprétation de musique sur bande, un article sur la musique et le développement de l’enfant du point de vue d’un médecin, la description de l’offre faite par l’Université René DESCARTES relative à la formation à la musicothérapie, enfin un article sur les représentations et la perception des adultes sur les jeunes et la musique qui s’appuie sur des travaux d’Anne-Marie GREEN.

 

Tout cela pourrait constituer le contenu d’un journal en 2001. Il y a toujours un avant et un après. Je crois pouvoir dire que ces deux prédécesseurs ont, comme nous, souhaité, favorisé un lieu de rencontres d’échanges en tous genres, indépendant vis à vis de tout parti politique et vis à vis de l’institution (ils nous diront bientôt s’ils ne sont pas d’accord). Notre préoccupation commune : la mise en œuvre sereine d’un enseignement de la musique dans une école républicaine. C’est avec eux que j’ai débuté dans l’APEMU, il y a avait à ce moment là, également, Renée HARBULOT, Geneviève BAUDOT, Marie Thérèse POUGET, Martine BERTIER, Christine DOGNON, Jean CHESNAIS, entre autre ; j’ai pu ainsi construire comme bien d’autres mes prises de position depuis une bonne quinzaine d’année.

 

Dernier point sur le pourquoi de leur venue et non des moindres : il me semblait qu’à l’heure où une circulaire mentionnant notre alignement progressif sur les services des autres disciplines, il était important que nombre d’entre nous connaissent quelques acteurs qui nous ont précédés dans cette revendication. C’est à nous que cela arrive ; cela fait longtemps que cela aurait du arriver.

 

Trève de souvenirs, je vous demande d’accueillir deux personnes qui font et ont fait l’objet d’une grande estime de la part de beaucoup d’entre nous et envers qui nous avons également beaucoup d’affection : il s’agit de Marie-Chantal DABET et Francis COUSTÉ.

 

Tous les ans l’assemblée générale, plus que symboliquement, est l’occasion pour le groupe de réaffirmer sinon reconstruire une nouvelle fois ce qui nous semble, à tous, être la légitimité de l’association. Ce qui est légitime, est juridiquement fondé, consacré par la loi, ou reconnu conforme au droit. L’idée d’équité est donc sous-jacente. En cherchant à légitimer notre travail, à le justifier nous introduisons l’idée qu’aucun système n’est pérenne une fois pour toute. Il faut à mon sens, même si cela est fatiguant, penser à douter de la pertinence des choses. Douter évite de ne pas fonctionner sur une autosatisfaction qui a terme serait sclérosante. Que venons nous chercher dans ces réunions ? L’association existe, faut -il à chaque fois reposer les termes de sa légitimité ou bien raisonner à l’envers : j’ai envie d’organiser telle action, quels outils sont à ma disposition, puis-je m’appuyer sur une association existante ? A mon sens les deux démarches sont plus que complémentaires, elles s’enrichissent, mutuellement, l’une partant de principes généraux, l’autre de la volonté de faire. C’est parce que l’APEMU a essayé de faire les deux qu’elle arrive à occuper une place non négligeable et qu’elle est une interlocutrice incontournable ou presque.

 

Alors si l’année précédente s’était construite autour du congrès sur la formation, cette année 2000-2001 pour les membres du bureau et du CA, s’est articulée autour de deux problématiques : le plan de cinq ans pour les arts et la culture et nos statuts.

 

Le premier point a largement occupé le premier trimestre de l’année scolaire, une audience début décembre (reportée à trois reprises) sur le sujet nous a permis de faire part de nos réflexions. Le séminaire du 14 et 15 décembre a soulevé, débattu les problèmes liés à l’inscription de l’éducation artistique au sein des classes. Par éducation artistique notre Ministère a l’ambition de couvrir un douzaine de champs artistiques au-delà des deux obligatoires actuellement : l’éducation musicale et les arts plastiques. Le partenariat est au cœur des préoccupations de même que la mise en place de formations initiales et continuées des enseignants afin d’accompagner ce développement. Le projet a, depuis, été décliné dans un texte officiel : le BO n° 24 du 14 juin 2001. C’est à ce sujet que nous demandions entre autre une deuxième audience. Elle fut obtenue pour la dernière semaine de juin auprès du Directeur adjoint du cabinet du Ministre, Monsieur HUSSENET. Nous étions, Fernando SEGUI, délégué de Lyon professeur en collège situé en ZEP, Dominique TERRY trésorière de l’association et professeur dans le même type de collège, Pascal TERRIEN délégué de Paris professeur en collège privé et formateur, Philippe POISSON, directeur de la publication, professeur en lycée à Reims, et moi-même, coordinatrice à l’IUFM Midi Pyrénées. [Audience au ministère juin 2001 : voir ci dessous]

 

Nous attirâmes l’attention sur quelques points relatifs aux itinéraires de découverte qui démarreront en 2002, le principe de globalisation qui dès l’année prochaine devrait être étendu à tous les niveaux, la confusion entre chorales et classes à PAC, les nouvelles orientations relatives aux enseignements « choisis » en 3ème. 

Loin de nous montrer bloqués sur des positions, nous avons posé sereinement à nos interlocuteurs la question de la capacité et de l’intérêt d’un élève de troisième à choisir les savoirs qui lui seront enseignés. Se pose en filigrane la manière de concevoir l’apprenant suivant son âge mais aussi sur ce que nos dirigeants désirent faire du lieu collège. Ce à quoi le Ministre lui même répond un peu plus tard dans le courant de l’été : 

« Je vous accorde que la perspective de laisser aux élèves une possibilité de choix à partir de la classe de troisième peut sembler prendre le contre-pied de la volonté de donner à tous le même bagage. Le travail lancé sur les exigences en fin de scolarité de collège portera aussi sur cette question, et je serais heureux de bénéficier de vos propres réflexions ».

Il restera à la prochaine équipe du bureau de l’APEMU à se positionner là- dessus, avant fin décembre certainement.

 

La deuxième problématique a phagocyté la vie de l’association, du moins ce que nous avions prévu de faire lors de la précédente AG : les problèmes de révision des statuts régissant notre profession. L’attention, la vigilance l’insistance qu’il a fallu porter au dossier jusqu’à ces derniers jours s’est vue augmentée de l’attention également vis à vis de nos collègues importunés par les promesses répétées, et ces derniers jours, une application de la circulaire très différente d’une académie à l’autre voire au sein de la même académie. Les mails des collègues à ce sujet en témoignent. L’APEMU a alors participé à diverses actions : manifestations autour de motions unitaires, entrevues ministère, rétention de notes du baccalauréat, sensibilisation des membres du jury du Capes, lettre à Monsieur André HUSSENET directeur adjoint du Cabinet, lettres à Messieurs le Premier Ministre, le Ministre de l’Éducation Nationale, pétitions, lettres en nombre, renvoi du CD « fête de la musique ».

 

Heureusement l’APEMU ne vit pas que pour cela et la vie des délégations a continué, des stages, des réunions ont eu lieu dans de nombreuses académies. C’est pour cela qu’au-delà de la simple énumération des actions passées je souhaite terminer ce rapport sur une note de prospective. Je propose à l’Assemblée Générale réunie ici à Dijon de réfléchir au devenir de l’association en terme de :

· réaffirmation des principes de fonctionnement, 

· positionnement clair et serein vis à vis des syndicats et de l’institution afin d’éclaircir aux yeux de ceux qui nous demandent souvent « le pourquoi du comment » du « à quoi ça sert tout ça », 

· qui devient membre de l’APEMU, pourquoi ? Qui aurait envie de le devenir mais ne passe pas à l’acte ? Comment est-on informé ? Que vient -on chercher, pourquoi y reste-t-on pourquoi en part-on ? Peut-on être abonné sans être membre ?

· faut-il faire connaître l’APEMU à l’extérieur, comment ? Le projet de participation au Musicora peut-il contribuer? L’offre d’un an d’abonnement gratuit aux stagiaires des IUFM pourrait être une stratégie supplémentaire dont l’assemblée générale nous dira ce qu’elle pense. Les délégués, affûtant leurs arguments, pourraient alors constituer l’interface entre l’association, les stagiaires et les coordonnateurs IUFM.

· L’organisation du futur congrès mobilisera une délégation, il nous reste à trouver laquelle tout en élaborant déjà la problématique collégialement comme nous avons pu déjà le faire lors des précédents congrès.

 

J’avais terminé le précédent rapport moral en disant que je ne me représenterai certainement pas car la tâche, d’une grande richesse, demande un renouvellement des acteurs afin d’éviter les représentations les amalgames liés à des personnes en particulier. L’APEMU doit sa force à la diversité des membres qui la composent, renouveler son bureau régulièrement est la preuve de sa vitalité, des énergies présentes en son sein. Il sera dès lors de la responsabilité du CA que vous élirez, d’élire à son tour un nouveau président ou nouvelle présidente à la hauteur des exigences qui lui seront demandées, capable dès lors de réunir autour de lui ou d’elle une équipe impliquée.

 

J’en profite pour remercier de tout cœur l’équipe rapprochée du bureau dans laquelle j’ai pu travailler ces trois années. Je les remercie pour leur intégrité, leur disponibilité intellectuelle et téléphonique, leur rigueur, leurs exigences de qualité, leur humour. Un peu plus éloignée géographiquement mais pas « internet ! ement », je salue respectueusement l’équipe des délégués pour leurs idées, leur pugnacité, leur altruisme, leurs « coups de gueule ».

Pour ma part c’est certainement l’aventure humaine et intellectuelle qui me fait aller vers l’APEMU et qui va continuer de me porter en tant que membre de base dans l’académie de Toulouse.

 

Enfin, nous remercions de tout cœur la délégation de Dijon, Renée HARBULOT, son équipe, pour la qualité et la chaleur de l’accueil (il fait même soleil) qui nous a été réservé ce week-end. Bonne assemblée générale.

 

Odile TRIPIER-MONDANCIN 

Présidente de l’APEMU.